Page:Bulteau - Un voyage.pdf/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
un voyage

inflige l’uniforme des gardiens, on entre, on visite.

La grotte de bouchon était bien laide, mais pas tant que la chambre de sainte Élisabeth. Non ! Car rien ne peut être aussi laid. — Je le crois au moins, cependant il ne faut jamais désespérer de l’avenir. Quelles mosaïques prétentieuses et saugrenues, quels rebutants cabochons de verre polychrome, quels absurdes meubles de théâtre ! Au résumé : quelle horreur !

La salle où eurent lieu les luttes des maîtres chanteurs n’est pas pour consoler. Ce lieu que tant de rêveries cherchent, ce lieu de splendeur, de grâce et de poésie, qu’en a-t-on fait ! On vouerait une haine dangereuse aux gens qui surent composer cette laideur intégrale, si on devait se rappeler la noble salle telle que, grâce à leurs soins, la voici ! Mais on l’oublie vite. D’autres images chassent les couleurs féroces, les « motifs » burlesques entassés…

Je la connais si bien la salle des Maîtres Chanteurs, — la vraie ! — Je l’ai vue il y a tant d’années à travers l’imagination magique d’Hoffmann ! La décrit-il ? Je n’en sais plus rien, mais il la suggère avec une force irrésistible. Ses héros évoquent autour de leurs mystérieuses figures, et les paysages où ils songent, et les chambres où ils palpitent de peur, d’amour et d’espérance. Hoffmann, et après lui Wagner, ont construit pour les Maîtres Chanteurs une merveilleuse architecture que ni les restaurateurs de la Wartbourg, ni les décorateurs d’opéra ne réussissent à détruire. Je quitte à peine