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moritzbourg

le repêche, fatigué, mais pour mort, pas du tout.

C’est là, semble-t-il, une légende comme on en arrangeait autrefois, afin que les jeunes garçons acquissent le goût des combats ? Et Charles-Jean ne fit rien de tout cela ? Il en fit bien quelque chose car, au soir de cette journée où, tout seul, il avait pris un vaisseau, le grand maître de Malte l’arma chevalier encore qu’il fût protestant.

Lorsqu’il a guerroyé avec ses nouveaux frères, assez pour se calmer le sang, Kœnigsmark passe en Italie. Et ce sont des intrigues, des passions, mille histoires. Entre autres, une belle Anglaise, la comtesse de Southampton s’éprend de lui à en perdre l’âme, quitte tout pour le suivre, — déguisée en page afin de ne le point gêner dans ses mouvements.

Ils vont bientôt en France. La princesse palatine raconte qu’elle vit à Chambord ce gentil page si dévoué, et qu’il avait : « les plus beaux yeux du monde, une bouche charmante, une prodigieuse quantité de cheveux noirs, qui tombaient en boucles sur ses épaules ». Quelque temps après, ajoute-t-elle, « le comte de Kœnigsmak se trouva dans une auberge et en sortit un matin pour faire un tour. L’hôtesse de cette maison courut après lui et lui cria : « Montez vite là-haut, monsieur, votre page accouche !… » — À la suite de cet événement, le page indiscret se retira au monastère et vécut de ses souvenirs. Charles-Jean fit une pension au bébé, songea à d’autres choses, et repartit. »

Le voici à Madrid, et le voici en Hollande, puis