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un voyage

toits débordants, chargées d’arabesques et de figures un peu lourdes, ont un charme intime, tout ensemble sérieux et naïf. Au rez-de-chaussée, ce qu’il faut de fenêtres, guère davantage. — Il n’est ni utile ni plaisant que, de la rue, chacun se renseigne sur vos affaires. — Mais aux étages supérieurs, beaucoup de fenêtres basses, larges, d’où l’on voit très bien sans trop être vu, — car il est agréable, en sûreté chez soi, d’inspecter les allants et venants. Afin de mieux satisfaire un goût si légitime, les vieux architectes ont imaginé de mettre au milieu la façade, ou à l’angle, des logettes en saillie, décorées avec une élégance délicieuse et tout ajourées. Assise sur ce balcon bien clos, abritée du vent et de l’indiscrétion des badauds, la ménagère, à sa couture, apercevait de loin les promeneurs, les examinait au passage ; offraient-ils quelque singularité, il suffisait qu’elle tournât un peu la tête pour les suivre longtemps du regard, tout en faisant mille hypothèses propres à rendre plus vives les heures du travail.

Rien n’est charmant comme cet erker, — ainsi nomme-t-on la logette qui surveille la rue. – Il rompt la monotonie du mur, l’allège, et raconte si bien le charme des vies encloses, prudentes, régulières, et des âmes sages, mais curieuses aussi.

L’erker se rencontre sur des maisons gothiques ; au xviie et au xviiie siècles il fut ajouté sur beaucoup auxquelles manquait d’abord cet utile ornement et, par bonheur, on le met aux constructions nouvelles. C’est dans un erker que je rassemble ces