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un voyage

à cheval, l’épée au poing, gardent eux-mêmes leurs cendres.

L’un, Can Signorio, fit sculpter, selon sa fantaisie, ce monument à clochetons, à niches, que surmonte orgueilleuse et roide sa statue équestre. Il vit sa tombe achevée, et telle qu’il la souhaitait. Sage précaution. Peut-être n’eût-il pas dormi à côté des autres et sous de belles sculptures, s’il eût laissé à l’avenir le soin de son sarcophage.

Can Signorio était un prince très pieux. Se préoccupant fort de la vie éternelle, il redoutait que la colère divine lui fût impitoyable s’il ne faisait pas tout le nécessaire pour s’assurer qu’après lui ses fils régneraient paisiblement sur Vérone. Il mit à cela le meilleur de son effort, sa fin nous le prouve amplement. On la raconte ainsi : « Le quatorzième jour de septembre, en l’année 1375, Can Signorio sachant que la mort approchait de lui, appela deux amis, entre tous, chers à son cœur : Messire Guiglielmo Bevilacqua, et Messire Tommaso de Perigrini avec quelques hommes notables de la ville. Ensuite, il ordonna que vinssent en sa présence Bartolommeo et Antonio, ses fils, l’un âgé de quinze, l’autre de treize ans. Et il leur dit : « Mes fils, l’amour que je vous porte est si grand, que je crains, après ma mort, d’en être puni. Et si en ceci j’ai commis quelque péché, puisse le Seigneur me châtier, je le souffrirai en toute patience pourvu que vous demeuriez en prospérité. Je vous laisse un noble État et fidèle. Si vous êtes bons et modérés vous en jouirez longtemps avec une grande paix.