Page:Bulteau - Un voyage.pdf/430

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
415
bologne

pas fait sa découverte. D’ailleurs, le bouillon de grenouilles ne guérit nullement Mme Galvani, et lui ne se consola jamais de l’avoir perdue ; on dit même que son chagrin le fit mourir avant l’heure.

Bologne a produit nombre de personnages illustres ; savants, légions d’artistes, papes : Grégoire XIII, — l’homme du calendrier, si on peut s’exprimer de façon si elliptique ; — celui qui fit célébrer le massacre de la Saint-Barthélemy par des réjouissances publiques ; en quoi il eut gravement tort. Puis, Grégoire XV, grand lettré, qui portait aux jésuites un vif amour, et se donna le plaisir de canoniser Ignace de Loyola. Et Benoît XIV, — de la famille Lambertini, — le plus spirituel, le plus sympathique des papes, qui plaisait fort à Catherine de Russie, s’entendait avec Frédéric II et ne haïssait point Voltaire. Après la mort de Clément XII, le conclave traînait, hésitait, s’agitait. Lambertini, gaiement, dit aux cardinaux : « Pourquoi tant se tourmenter ! Voulez-vous un saint ? Nommez Gatti ; un politique ? Aldobrandi ; un bon homme ? prenez-moi ! » Et ils le prirent. Il avait des mœurs très pures, le propos vif, et l’âme tolérante. Dieu l’en aura béni. Il souffrait horriblement de la goutte, quand un jour on vint l’implorer au sujet d’une béatification. Il s’agissait d’un religieux mort en odeur de sainteté : « Bien, dit le pape, en attendant, je le prie pour ma guérison : comme il me