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ravenne

qu’elle ressemble trop à celle du pape, sa bile s’échauffe et on entend parler des ancêtres dont il tient ses couleurs : de celui qui vint avec Guillaume conquérir l’Angleterre, et des autres. Il n’est plus du tout un cosmopolite à ce moment. — Il ne l’est à aucun moment. — Jusqu’au bout, sa construction intérieure reste entière. Quoi qu’il dise, cet Anglais souffre affreusement de son exil, et de sentir l’opinion de ses compatriotes dressée contre lui. Il souffre encore, ce viveur, de n’avoir pas de foyer. Au milieu de sa liaison avec Mme  Guiccioli, il écrit à sa femme et propose de revenir vivre avec elle — ce à quoi lady Byron ne daigne répondre. — Le souvenir d’Ada, sa fille, à qui on ne parle jamais d’un père si exécrable, à qui il est interdit même de connaître son portrait, ce souvenir l’habite constamment. Et c’est chose curieuse d’entendre changer son accent, selon qu’il parle d’elle ou de la petite Allegra, sa fille naturelle. Il aime bien Allegra, mais elle ne tient pas à ses fibres profondes. C’est un enfant pareil aux autres, non le sien. Et quand elle meurt, sa pensée court d’abord vers Ada : si elle allait mourir aussi ! Ada, c’est la fière race qui continue : la règle ! Et il se console de la mort d’Allegra en pensant qu’elle n’eût point été heureuse, puisque sa naissance était illégitime.

Il y a en lui un tel besoin de discipline que, par son aspect établi, solide, de quasi-mariage, sa liaison avec la comtesse Guiccioli suffit à changer toutes ses habitudes et, dans les apparences, son caractère.