et à des heures différentes devant sa maison, toujours je l’ai trouvée à la fenêtre. Elle possède un
chien de berger et un mari. Le chien est toujours
là, le mari souvent. Tous trois regardent avec une
curiosité sans cesse rafraîchie les incidents de la
place. Le chien, visiblement, juge que tout pourrait
aller mieux. Les pattes sur l’appui de la fenêtre, il
critique ses congénères avec sévérité, en aperçoit
un auquel il dirait volontiers son fait, d’autres qu’il
croit reconnaître. Il est plein de cordialité d’intérêt, d’ironies. Et la jeune femme aussi. Elle s’amuse
tant que, parfois, elle empoigne le chien et l’embrasse. D’autre fois, c’est le monsieur qu’elle
embrasse. Combien ces trois personnages ont l’air
heureux de s’aimer et de voir passer les gens ! Ils
ne sauront jamais avec quelle tendre sympathie
quelqu’un parmi ces passants a souhaité qu’ils restassent longtemps, longtemps, à cette fenêtre de
bonheur…
Ayant vu, maintes fois, les matins parer les rues d’une lumière soyeuse et, les soirs, mourir le soleil ; et les tableaux non pareils et les fleurs miraculeuses ; ayant accueilli en moi toutes les pénétrantes grâces de la ville, je vais avant de partir, visiter la vieille prison qui achève si bien la ligne des longues façades à pignons, et ferme joliment le décor du Vyver. La prison sous la voûte de