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un voyage

histoire. — Depuis longtemps les derniers rats étaient mangés, une multitude de personnes mouraient en de grandes peines. De sorte que, à bout de souffrance et d’espoir, le peuple vint en masse sommer le bourgmestre d’ouvrir la ville à l’ennemi. Entendant cela, Van der Wreff tira son épée, la tendit au plus proche, et dit : « Tuez−moi et les miens et mangez-nous en attendant le secours qui vient, mais au nom de Dieu, n’ouvrez pas les portes à l’Espagnol ! ». On devine que le brave homme ne fut point mangé, et que les portes demeurèrent solidement closes. Un si beau courage vainquit les plus mécontents. Des gens moururent en grand nombre sans plus faire d’observation. Puis enfin, le prince d’Orange força les lignes espagnoles, envoya des bateaux chargés de jambons et de fromages, et Leyde, délivrée, institua pour la commémoration de cet heureux jour une fête annuelle que, je pense, elle doit célébrer encore.

Van der Wreff savait évidemment que, lorsqu’on est résolu de sacrifier sa vie, on a toutes les chances pour dompter les pires colères. Cependant, l’histoire est belle, car ces gens avaient très faim…

Outre l’agréable musée où les mémoires de luttes héroïques s’ajustent si bien aux images de la vie tranquille, Leyde en a un autre : un musée d’antiquités.

Je suis seule évidemment à ne pas savoir com-