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chaleureusement les charmes d’une jeune Anglaise, qu’elle avait rencontrée la veille au soir chez Lady G***.

« Elle réalise mon idéal de la véritable beauté anglaise, disait Valérie : ce n’est pas seulement l’exquise blancheur du teint, ni ses yeux d’un bleu si pur, que des cils noirs rachètent du reproche de froideur qu’on adresse aux yeux clairs des Écossaises et des Allemandes, ce n’est pas seulement tout cela que je trouve si admirablement national, mais c’est la simplicité de ses manières, l’ignorance de l’admiration qu’elle éveille, son expression à la fois pleine de modestie et de bon sens. J’ai vu des femmes plus belles, mais je n’en ai jamais vu de plus séduisante. Vous vous taisez ; j’attendais quelque élan de patriotisme en retour du compliment que j’adresse à votre compatriote.

— Pardon, je suis si occupé d’entendre cette admirable Pasta…

— Point du tout ; vos pensées sont loin d’ici. Mais pouvez vous me donner quelques renseignements sur ma belle étrangère et ses amis ? En premier lieu, il y a un certain lord Doltimore, que j’ai connu déjà, ainsi il est inutile que vous m’en parliez. Puis il y a une nouvelle mariée, une belle personne, brune… Mais vous êtes souffrant ?

— C’est le courant d’air qui vient de cette porte. Continuez, je vous en prie ; la jeune personne, l’amie, son nom ?

— Je ne m’en souviens pas ; mais elle devait épouser un de vos hommes d’état : Lord Vargrave ; le mariage est rompu. Je ne sais pas si c’est à cela qu’on doit attribuer une certaine mélancolie répandue sur sa physionomie ; une mélancolie qui n’est certainement pas naturelle à son visage d’Hébé. Mais qui donc vient d’entrer dans la loge en face de nous ? Ah ! Monsieur Maltravers, regardez donc, voilà la belle Anglaise ! »

Maltravers leva les yeux, et revit la charmante figure d’Éveline Cameron.