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comme une esclave, la remplissait de honte, d’horreur et de dégoût, bien qu’elle ignorât encore ses plus noires infamies. Elle se leva brusquement, et quitta l’appartement. On ne s’aperçut point de son absence.

Maltravers s’approcha d’Éveline, il lui prit la main, et la porta à ses lèvres et à son cœur.

« Éveline, dit-il tristement, il vous faut une explication ; demain je vous la donnerai. Ce soir nous sommes tous deux trop émus pour un pareil entretien. Je ne puis plus à présent qu’éprouver la joie de vous voir sauvée et l’espérance de pouvoir contribuer encore à votre bonheur futur.

— Mais, dit Aubrey, devons-nous croire à cette nouvelle étonnante ? Est-ce réellement une perte irréparable ? Ne pouvons-nous, avec des précautions, sauver au moins quelques débris de cette belle fortune ?

— Je vous remercie de me rappeler à ce monde, dit Maltravers avec empressement. Je vais m’en occuper à l’instant ; et demain, Éveline, après mon entrevue avec vous, je partirai sur-le-champ pour Londres, où j’agirai dans la seule capacité qui me reste encore : celle de votre protecteur, de votre ami. »

Il détourna la tête et s’achemina précipitamment vers la porte.

Éveline se rapprocha encore davantage d’Aubrey.

« Mais vous, vous ne me quitterez pas ce soir ? vous pouvez rester ; nous trouverons à vous loger. Ne me quittez pas !

— Vous quitter, mon enfant ! non ; nous avons mille choses à nous dire. Je n’anticiperai pas sur vos explications, » ajouta-t-il à voix basse en se tournant vers Maltravers.


CHAPITRE III

Hélas ! c’est lui. On vient de le rencontrer tout à l’heure aussi fou que la mer en fureur.
(Shakespeare. — Le roi Lear.)

Dans la rue de la Paix demeurait à cette époque un Anglais, homme de loi d’un grand mérite, avec qui Maltravers avait été déjà en relations d’affaires, et chez qui il se fit