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pas en un jour. Mais je suis sûr qu’à présent l’évêque se passera fort bien de moi. Ne changez pas le jour du baptême, ou si vous le changez, je crois, sur ma parole et mon honneur, que le malin commissaire-priseur différera aussi la vente des livres. Il est une chose dont je suis parfaitement sûr, c’est que cette vente et le baptême auront lieu en même temps. »

Il n’y avait rien à dire à cela ; mais je suis certain que ma mère ne continua pas aussi joyeusement qu’auparavant à découvrir les meubles de perse de son beau salon. Cinq années plus tard, cela ne serait pas arrivé. Ma mère aurait donné un baiser à mon père en lui disant : Reste, et il serait resté. Mais elle était alors très-jeune et très-timide ; et lui, homme sauvage, non des bois, mais des cloîtres, ne s’était pas encore fait à la civilisation domestique. Bref, la chaise de poste fut commandée et le sac de nuit préparé.

« Mon ami, dit ma mère en levant les yeux de dessus son ouvrage, la nuit qui précéda cette hégire, mon ami, il est une chose que vous avez complétement oublié de décider. Je vous demande pardon de vous déranger, mais c’est important. Il s’agit du nom de l’enfant ; ne l’appellerons-nous pas Augustin ?

Augustin, répliqua mon père d’un air rêveur ; mais c’est mon nom !

— Et vous voudriez que ce fût aussi celui de votre fils ?

— Non pas, dit mon père vivement. Personne ne s’y reconnaîtrait plus. Moi-même je me surprendrais à apprendre les déclinaisons latines ou à jouer aux billes. Je ne saurais plus qui je suis, et Mme Primmins me donnerait de la bouillie. »

Ma mère sourit ; et posant sa main, qui était une fort jolie main, sur l’épaule de mon père, elle le regarda tristement et dit :

« Il n’y a pas à craindre qu’on vous prenne pour un autre, même pour votre fils, mon ami. Pourtant si vous préférez un autre nom, quel sera-t-il ?

— Samuel. Le docteur Parr s’appelle Samuel.

— Oh ! mon ami, Samuel est le plus affreux nom… »

Mon père n’entendit pas l’exclamation ; il s’était replongé dans ses bouquins. Tout à coup il se leva et dit :

« Barnes prétend qu’Homère est le même nom que Salomon. Lisez Omeros à rebours, à la manière des Hébreux…