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cigares. Il n’y a pas de cr-cr sur la terre qui puisse résister à la fumée du havane !…

Allez, monsieur, je ne suis pas le seul qui laisse ainsi ses idées premières se refroidir et se terminer, comme ce chapitre, en pff… pff… pff !


CHAPITRE IV.

Tout dans ce monde a son utilité, même une chose noire qui vous rampe sur le cou. Affreux inconnu ! je ferai de toi une… comparaison.

Vous m’accorderez, je crois, madame, que vous, ayant cette horreur des perce-oreilles qui convient aux dames (malgré la tendresse maternelle de ces insectes), et une horreur semblable des frelons précoces, comme aussi de toutes les bêtes inconnues à têtes noires ornées de deux grandes cornes, ou antennes, ou pinces, qui viendraient se promener aux environs de vos oreilles, vous m’accorderez, je crois, dis-je, que, s’il vous était arrivé une aventure pareille à celle que je viens de raconter, vous auriez eu de la peine à vous remettre à votre ouvrage avec votre placidité habituelle. Vous vous sentiriez les nerfs agacés, et quelque chose se promènerait en faisant cr-cr par tout votre corps, comme disent les enfants. Et ce qu’il y a de pire, c’est que vous seriez honteuse de l’avouer. Vous vous croiriez obligée de paraître gaie, de vous joindre à la conversation, de ne pas trop remuer, de ne pas secouer trop souvent les volants de votre robe, ni regarder trop attentivement dans les plis de votre tablier. Il en est de même pour bien des choses dans la vie, abstraction faite des insectes. On a une peine secrète, un souci, quelque chose de mitoyen entre un souvenir et un sentiment, et qui fait l’effet de ce cr-cr rampant. Eh bien ! ce quelque chose, on n’a jamais osé l’analyser.

J’étais donc assis à côté de ma mère, essayant de sourire et de causer comme dans le bon vieux temps ; mais désireux de