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« Qu’y a-t-il père ? Pouvez-vous nous en dire davantage ? »

Mon père secoua la tête.

« Roland nous prie d’être toujours aussi discrets que nous l’avons été jusqu’à présent, et de ne jamais prononcer devant lui le nom de son fils. Paix au vivant comme au mort ! Cela change nos plans, Kitty. Il faut que nous allions tous en Cumberland… nous ne pouvons laisser Roland ainsi.

— Pauvre, pauvre Roland ! dit ma mère à travers ses larmes. Et penser que le père et le fils n’étaient pas réconciliés ! Mais Roland lui pardonne maintenant… oh oui, maintenant !

— Ce n’est pas Roland qui est à blâmer, reprit mon père presque avec colère ; c’est… mais suffit. Il faut que nous quittions Londres le plus tôt que nous pourrons. Roland se consolera dans l’air natal de ses vieilles ruines. »

Nous allâmes nous coucher tristement.

« Voilà donc la fin d’un des grands objets de ma vie ! pensai-je. J’avais espéré réunir ces deux êtres. Mais, hélas ! quel réconciliateur que le tombeau ! »


CHAPITRE III.

Trois jours durant, mon oncle ne quitta pas sa chambre ; mais il reçut de fréquentes visites d’un homme de loi. Mon père laissa échapper quelques mots qui semblaient impliquer que le défunt avait des dettes et que le pauvre capitaine donnait hypothèque sur sa petite propriété.

Roland ayant dit qu’il avait vu la dépouille mortelle de son fils, je me persuadai d’abord que nous assisterions à ses funérailles ; mais il n’en fut pas question.

Le quatrième jour, Roland en grand deuil monta dans un fiacre avec l’homme de loi, et resta absent environ deux heures. Je ne doutai pas qu’il n’eût tranquillement rendu les derniers devoirs à son fils.

À son retour, il s’enferma de nouveau pour le reste de la journée, et ne voulut même pas voir mon père. Mais le lende-