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bras, comme nos jeunes fats, mais la main droite à ma mère ! Avec quel soin il la conduisit à travers les ronces, les buissons et les irrégularités du terrain jusqu’à la porte basse voûtée, où se tenait debout, comme une sentinelle, vêtu d’une livrée scrupuleusement conforme aux couleurs héraldiques (ses bas étaient rouges !), un grand domestique en qui l’on reconnaissait facilement un ancien soldat.

En entrant dans la salle principale, nous fûmes agréablement surpris de la trouver si gaie. On y voyait une grande cheminée où pétillait un bon feu, quoiqu’on fût en été ! Et ce feu ne paraissait pas de trop, car les murs étaient de pierre nue, on voyait les chevrons du toit, et les fenêtres étaient si petites, si étroites, si hautes et si profondes, qu’on pouvait se croire dans un caveau. Néanmoins cette salle paraissait gaie et amie de la société, grâce surtout au feu et ensuite à un morceau de vieille tapisserie qui cachait ingénieusement une des extrémités, à une natte qui couvrait une partie des dalles, et à un ameublement qui témoignait du goût de mon oncle pour le pittoresque.

Après que nous eûmes bien regardé et admiré tout cela, Roland nous fit monter, non pas un de ces nobles escaliers que vous voyez dans les châteaux de construction plus moderne, mais une petite spirale de pierre, et nous conduisit aux appartements qu’il avait préparés pour ses hôtes. Il y avait d’abord une petite chambre qu’il appelait le cabinet d’étude de mon père, et qui aurait convenu à un philosophe ou à un saint désireux de se retirer du monde. Cette pièce aurait pu passer pour l’intérieur d’une de ces colonnes qu’habitaient les stylites ; car il aurait fallu une échelle pour regarder par la fenêtre et une bonne vue pour plonger dans la profondeur de cette étroite ouverture, à travers laquelle on ne pouvait, après tout, découvrir que le ciel du Cumberland et quelquefois une corneille. Mais mon père, je crois l’avoir dit, s’inquiétait peu du paysage, et il examina avec une grande satisfaction la retraite qu’on lui assignait.

« Il sera facile de clouer des rayons pour vos livres, dit mon oncle en se frottant les mains.

— Ce sera une bonne œuvre, répliqua mon père ; car ils sont restés longtemps dans une position gênante, et ils aimeront bien à s’étendre un peu, ces pauvres livres. Mon cher Roland,