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faudrait peut-être changer quelque chose au plan du journal, et que, pour attirer un plus grand nombre de lecteurs, il serait bon de dire quelques mots des nouvelles du jour et des intérêts de l’époque. Un changement de plan pourrait amener un changement de titre ; aussi M. Tibbets suggéra-t-il à mon père qu’il serait bon de lui laisser carte blanche pour ce qui regardait le titre technique et la forme précise de la publication. Mon père y avait consenti maladroitement, en apprenant que les autres actionnaires feraient comme lui. M. Peck, imprimeur fort riche et jouissant d’une haute considération, avait avancé les fonds nécessaires pour publier les premiers numéros, sur la garantie dudit acte de société et d’un document signé de mon père, autorisant M. Tibbets à faire au titre et au plan du journal tous les changements qui pourraient paraître convenables, d’accord avec les autres actionnaires.

Or, il paraît que, dans ses conférences antérieures avec M. Tibbets, M. Peck avait jeté beaucoup d’eau froide sur l’idée du Times littéraire, et suggéré quelque chose qui devait attirer les hommes d’argent. Le fait est, comme on le découvrit plus tard, que l’imprimeur, dont l’esprit entreprenant était sympathique à celui de l’oncle Jack, avait des actions dans trois ou quatre spéculations sur lesquelles il était naturellement bien aise de pouvoir attirer l’attention du public. Bref, mon pauvre père n’eut pas plus tôt tourné le dos, que le Times littéraire fut jeté là ; MM. Peck et Tibbets se mirent à concentrer toutes leurs idées lumineuses dans ce météore brillant qui apparut enfin comme une comète, sous le titre du Capitaliste.

À cette transformation, les plus prudents et les plus solvables des actionnaires s’étaient retirés de l’entreprise. Il restait sans doute une majorité ; mais la plupart de ceux qui la composaient étaient dociles à l’influence de l’oncle Jack, et prêts à prendre toutes sortes d’actions, parce que, jusqu’alors, ils ne possédaient rien.

Assuré de la solvabilité de mon père, l’aventureux Peck s’empressa de lancer le premier numéro du Capitaliste. Toutes les murailles furent placardées de ses annonces ; des avertissements circulèrent d’un bout à l’autre du royaume. Des agents furent enrôlés, des correspondants furent levés en masse. Lorsque Xerxès envahit la Grèce, il n’était pas aussi