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Pisistrate met la main sur le cordon.

Peacock (se reprenant). — C’est-à-dire : « Eh bien ! Johnson, mon bon ami… »

Pisistrate. — Johnson ! ah ! c’est là votre vrai nom. Vous ne vous appelez pas Peacock.

Peacock. — Johnson et Peacock, les deux noms m’appartiennent. (Avec dignité.) Quand vous connaîtrez le monde comme je le connais, monsieur, vous saurez qu’il est dangereux de voyager dans ce monde méchant sans avoir des noms de rechange dans son portemanteau… « Johnson, me dit Vivian, Johnson, mon bon ami ! et il tira sa bourse. Monsieur, lui répondis-je, si, entièrement libre de ma personne, vous pouviez me trouver quelque chose à faire, quand ce vil métal sera dépensé ?… » Certainement, on trouve à Londres des sermons jusque dans les pierres, mais ils ne s’appliquent pas à toutes circonstances ; c’est une observation que je prendrais la liberté de faire au Cygne, s’il n’était pas hélas ! le produit insubstantiel d’une vision.

Pisistrate. — Prenez garde !

Peacock (avec précipitation). — Alors Vivian me répondit : « S’il vous est indifférent de porter la livrée jusqu’à ce que je puisse vous procurer une position plus convenable, mon vieil ami, il y a une vacance dans la maison de M. Trévanion. » Monsieur, j’acceptai la proposition, et voilà comment il se fait que je porte la livrée.

Pisistrate. — Et quelle affaire aviez-vous, je vous prie, avec cette jeune femme, que je crois être la soubrette de Mlle Trévanion ? Comment se fait-il qu’elle soit venue d’Oxton pour vous voir ? »

J’avais pensé confondre M. Peacock par ces questions ; mais si elles avaient en effet de quoi l’embarrasser, le ci-devant acteur avait trop l’habitude du métier pour se trahir. Il se contenta de sourire, et, caressant avec fatuité le devant d’une chemise très-chiffonnée, il répondit : « Oh ! monsieur, fi !

......C’est une affaire
Où sont mêlés les traits du petit Cupidon.

S’il faut que je vous mette au courant de mes amours, cette jeune femme est, comme dit le vulgaire, ma bonne amie.