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maintenant est-il besoin de secrets entre nous ? (D’un ton persuasif.) Asseyez-vous, cousin, et contez-moi tout.

Après quelque hésitation, Vivian céda. La sérénité de son front et le son de sa voix m’assurèrent qu’il ne cherchait plus à déguiser la vérité. Mais comme j’entendis plus tard le récit du père, au lieu de répéter les paroles de Vivian, qui altérait les faits, non pas à dessein, mais par suite du mauvais pli de son esprit, je raconterai ce qui me paraît la vérité entre deux parties si malheureusement opposées. Lecteur, pardonne-moi si ce récit est fastidieux. Et s’il te semble que je ne suis pas assez sévère pour le héros égaré de cette histoire, souviens-toi que le narrateur juge comme le fils d’Austin doit juger le fils de Roland


CHAPITRE VI.

VIVIAN.

À l’entrée de la vie est assise… la mère.

Ce fut durant la guerre d’Espagne qu’une blessure grave, accompagnée de fièvre, retint Roland dans la maison d’une veuve espagnole. Son hôtesse avait été riche ; mais les calamités qui pesaient sur tout le pays avaient ruiné sa fortune. Sa fille unique l’aidait à soigner l’Anglais blessé ; et quand approcha l’époque du départ de Roland, la sincère douleur de la jeune Ramouna trahit l’impression que son hôte avait faite sur elle. Beaucoup de gratitude et peut-être un sentiment d’honneur exquis ajoutèrent à la puissance du charme sous lequel se trouvait Roland, par suite de la beauté de sa jeune garde-malade et de la compassion chevaleresque que lui inspirait la position désolée où la perte de sa fortune mettait la pauvre enfant.

Dans une de ces impulsions précipitées, communes aux natures généreuses, et qui rappellent trop souvent le rôle que la