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qu’aucun œil ne la voit, sa valeur est plus grande encore pour moi, parce que je pense que ma patrie n’a pas abandonné les antiques et vrais principes de l’honneur, en payant le soldat qui s’est battu pour elle avec la même monnaie qui vous sert, monsieur Jack, à payer la note de votre bottier. Non, non, messieurs. Le courage étant la première vertu que l’honneur provoque, la première d’où naquirent la sécurité et la civilisation, nous avons raison de préserver au moins cette vertu de toute tâche, de toute souillure de ces abominations mercenaires et sonnantes qui sont les vices de la civilisation, et non ses vertus. »

Ici mon oncle Roland s’arrêta ; puis, ayant rempli son verre, il se leva et dit d’un ton solennel :

« Une dernière rasade, messieurs ! Aux braves qui sont morts pour l’Angleterre ! »


CHAPITRE III.

« En vérité, mon ami, il faut boire cela. Je suis sûre que vous vous êtes refroidi ; vous avez éternué trois fois de suite.

— Oui, maman, parce que j’ai voulu prendre une prise du tabac de l’oncle Roland, rien que pour pouvoir dire que j’avais pris une prise dans sa tabatière… pour l’honneur de la chose, vous savez.

— Quelle est donc cette spirituelle remarque que vous fîtes en même temps et qui fit tant de plaisir à votre père, quelque chose sur les juifs et le collège ?

— Les juifs et… ! Ah ! pulverem Olympicum collegisse juvat. Cela veut dire, ma chère mère, que c’est un plaisir de prendre une prise dans la tabatière d’un brave homme. Mettez là cette tisane, mère. Oui, je la boirai ; je vous dis que je la boirai… Maintenant, asseyez-vous là… Bien ! et dites-moi tout ce que vous savez de ce fameux vieux capitaine. Et d’abord, est-il plus vieux que mon père ?

— Assurément ! s’écria ma mère avec indignation ; il paraît