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QUATRIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Je me lève toujours de grand matin. Heureux l’homme matinal ! Tous les matins le jour vient à lui avec un amour virginal, plein de fleurs, de pureté et de fraîcheur. La jeunesse de la nature est contagieuse comme la joie d’un enfant heureux. Je ne crois pas qu’on puisse appeler vieux un homme qui se lève de bonne heure et qui se promène au point du jour. Et vous, jeunes gens… oh ! retenez mes paroles : le jeune homme en robe de chambre et en pantoufles, qui bâille à midi sur son déjeuner, n’est qu’une image décrépite de celui qui voit la première rougeur du soleil sur les montagnes et la rosée scintiller sur les fleurs des haies.

Je fus surpris, en passant près du cabinet de mon père, de voir ses fenêtres ouvertes ; plus surpris encore, en jetant un coup d’œil dans l’intérieur, de le voir courbé sur ses livres : car, jusqu’alors, je ne l’avais jamais vu travailler qu’après déjeuner. Les personnes studieuses ne sont généralement pas matinales. Hélas ! quel que soit leur âge, elles sont rarement jeunes. Oui, le grand ouvrage se poursuit sérieusement. Cette étude n’est plus un jeu, c’est désormais un travail.

Je passai la grille et arrivai sur la route. Quelques chaumières donnaient signe de leur retour à la vie, mais ce n’était pas encore l’heure du travail, et je ne fus salué, sur la route, d’aucun Bonjour, monsieur. Soudain, à un détour que le feuillage d’un hêtre m’avait caché jusque-là, j’arrivai en plein sur mon oncle Roland.