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Page:Bulwer-Lytton - La Race future, 1888.djvu/207

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ses ailes, prit son essor, et s’abattit dans un bouquet de bois qui couronnait une colline peu éloignée.

J’étais seul ; je tournai les yeux avec une sensation d’horreur indescriptible vers le lac, et, comme enchaîné par un charme, je les tins fixés sur l’eau. Au bout de dix à quinze minutes, qui me parurent des siècles, la surface calme de l’eau, étincelant sous la lumière des lampes, commença à s’agiter vers le centre. Au même moment, les bandes de poissons réunis près des bords commencèrent à manifester leur terreur à l’approche de l’ennemi en sautant hors de l’eau ; leur course produisait une sorte de bouillonnement circulaire. Je les voyais fuir précipitamment çà et là, quelques-uns même se lancèrent sur le rivage. Un sillon long, sombre, onduleux, s’avançait sur l’eau de plus en plus près du bord, jusqu’à ce que l’énorme tête du reptile sortît, ses mâchoires armées de crocs formidables, et ses yeux ternes fixés d’un air affamé sur l’endroit où je me trouvais. Il posa ses pieds de devant sur le rivage, puis sa large poitrine, couverte d’écailles, comme d’une armure, des deux côtés,