Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/13

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mousse ; l’os était brisé, et le fragment ne pouvait être remis à sa place que par une main se mouvant à l’intérieur du crâne.

Le chirurgien, M. Locok, qui avait apporté la pièce, exprima l’avis qu’une telle fracture ne pouvait être la conséquence du séjour prolongé dans le sol, qu’elle devait être le résultat immédiat d’un coup porté avec l’instrument qui avait été déterré en même temps que le crâne, et après un long séjour sous terre.

C’était le témoignage plus considérable contre Aram ; nous laissons de côté des détails moins importants, qui terminèrent cette partie de l’audience. On posa alors à Aram la terrible et embarrassante question : « Qu’avait-il à répondre ? »

Jusqu’à ce moment Aram avait gardé toute son impassibilité ; ses yeux noirs et perçants s’étaient fixés successivement sur chacun des témoins qui étaient venus déposer contre lui, puis ils s’étaient abaissés de nouveau. Mais alors une légère teinte de rougeur passa sur ses joues ; il parut rassembler ses forces et les concentrer pour la défensive. Il jeta un regard sur le tribunal, comme pour juger de l’impression qu’on éprouvait à son égard, puis ce regard s’arrêta sur les cheveux gris de Lester, qui les yeux dirigés vers le sol, se cachait la figure avec ses mains. Mais à côté du vieillard se dressait la silhouette imposante de Madeleine, pareille à une statue de marbre ; même à la grande distance où il se trouvait d’elle, il pouvait apprécier l’intense attention qu’elle apportait à cette scène. Lorsqu’elle saisit ce regard,