Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/27

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disque d’or du soleil, les légers atomes qui voltigeaient dans ses rayons. Toute la contrée était comme endormie dans une paisible immobilité, dans le calme de la vie champêtre.

« Non, non, murmura-t-elle en serrant les mains de son père, qu’est-ce que cela veut dire ? Ce n’est pas sa main à lui ! Ah ! non, non, je ne suis pas avec lui… Père, reprit-elle d’une voix plus haute et plus profonde, s’écartant de lui, et se tenant un moment debout, sans être soutenue, père, ensevelissez ce petit paquet avec moi : ce sont ses lettres ; ne rompez pas le sceau, et dites… dites-lui bien que je n’ai jamais compris combien je l’aimais profondément, que le jour où j’ai vu tout le monde l’abandonner. Je… Je l’aimais… oui… »

Elle poussa une faible exclamation de douleur et tomba lourdement sur le sol ; elle vécut quelques heures encore, mais sans prononcer un mot, sans faire le moindre signe, sans que l’on pût deviner si elle vivait encore, excepté par le souffle de plus en plus faible de son haleine, qui s’éteignit bientôt complètement.

Le lendemain Walter, le fils adoptif de Lester, obtint de visiter Aram dans son cachot. Ce matin même, Aram avait vu le vieux Lester, ce matin même, il avait appris de lui la mort de Madeleine. Il n’avait pas versé une larme, et pour employer le langage énergique de l’Écriture, « il avait tourné sa face vers le mur, » personne n’avait surpris son émotion, mais le vieux Lester devina qu’en ce moment sa fille était dignement pleurée.