Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/30

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avoir poussé à un crime, à un seul, mais votre âme n’est pas complètement endurcie, et je crois que j’aurais encore quelque confiance en vous, en ce moment terrible, où le corps de Madeleine est à peine refroidi, quand le fils de la victime est debout devant vous. À ce moment si vous mettiez la main sur votre cœur, et que vous me disiez : « En présence de Dieu, et au péril de mon âme, je vous jure que je suis innocent de ce crime, » je partirai, je vous croirai, je supporterai du mieux qu’il me sera possible l’idée d’avoir été, d’une manière inconsciente, un des instruments qui ont servi à condamner un innocent à une mort terrible. Mais si dans une pareille crise, vous vous sentez incapable de prononcer ce serment, oh alors ! soyez généreux, même après votre faute, ne permettez pas que je sois hanté par le spectre d’un doute qui ne me laissera de repos ni le jour ni la nuit. Parlez, parlez donc !

On peut juger de ce que cette invocation devait avoir d’écrasant pour une âme aussi fière, aussi hardie, quand le fils de la victime était devant Aram, pour s’humilier, s’abaisser à la supplication ! Mais Walter avait entendu la défense d’Aram, il avait remarqué l’expression de sa physionomie, plus d’une fois pendant le cours du procès, il avait surpris les regards du prisonnier, et avait senti son cœur comme pris dans un étau glacé, en se disant que quand même la sentence aurait absous l’accusé, lui-même l’aurait condamné. Combien son état d’esprit avait dû être terrible, lorsque revenant