Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/76

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lard, perce tout à coup ce rideau et répand comme un sourire sur le paysage. Alors sous vos yeux, qui pendant les nuages et la tristesse du jour n’avaient cherché que les traits principaux, les plus saillants du panorama, vos yeux qui avaient été arrêtés par quelque colline baignée de gris, ou quelque clocher aigu, se dessinent les détails les moins frappants mais qui n’en ont pas moins de charme. C’est à ces derniers plutôt qu’au reste de la nature que le soleil donne ses teintes les plus douces et les plus riches, c’est ainsi qu’ils laissent en notre esprit comme un sentiment de reconnaissance, et nous consolent de l’aspect si funèbre et mélancolique du jour par cette lumière du crépuscule prochain, qu’ils reçoivent et dispersent en tous sens.

Il en est de même dans le présent récit. Il ne se poursuit pas, il ne s’achève pas dans des scènes de trouble et de chagrin ; à mesure qu’il avance, il reçoit déjà quelques faibles rayons.

Quelques années après le dernier événement que nous avons raconté, et par une belle journée du charmant mois de mai, un cavalier parcourait la rue longue et tortueuse qui forme le village de Grassdale. C’était déjà un homme fait, quoiqu’il fût encore dans toute la fleur de la jeunesse ; car il n’avait encore que vingt-huit ans ; il avait dans la physionomie cet air sérieux et ferme qui annonce qu’on a vu le monde et qu’on l’a vu beaucoup. Son œil vif, mais calme, ses traits réguliers et agréables malgré le hâle qui les couvrait, avaient quelque peu perdu de leur rondeur soit par suite des fatigues ou de la