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Les aventures et les distractions des voyages lui plaisaient, si bien qu’il se demandait à ce moment même s’il ferait en Angleterre un long séjour ou s’il l’abrégerait. Il y avait moins d’une semaine qu’il était arrivé, et il s’était rendu en toute hâte dans cette partie de son pays natal.

Il ralentit l’allure de son cheval, dès qu’il eut vu se balancer l’enseigne qui annonçait l’auberge hospitalière tenue par Peter Daltry. Sous l’ombre protectrice d’un arbre élevé, dont les bourgeons s’étaient épanouis en feuilles du vert le plus tendre, était assis un voyageur à pied qui jouissait de la tranquillité et de la fraîcheur de cet abri. Notre cavalier jeta un regard sur la porte ouverte qui permettait de voir toute l’activité d’un ménage : des femmes allaient, venaient et disparaissaient. Bientôt il vit l’aubergiste lui-même, le vieux Peter, sortir à petits pas et engager la conversation avec le voyageur installé sous l’arbre. Peter Daltry n’avait guère changé depuis que le jeune homme l’avait vu pour la dernière fois ; il était un de ceux qui ne changent guère : en prenant de l’âge, il avait peut-être perdu un peu de sa hauteur et de sa grosseur, comme si le temps aimait mieux user peu à peu notre individu que d’en détacher par violence des fragments.

Le cavalier passa quelques instants à contempler ce tableau, mais voyant que Peter lui rendait ses regards, il détourna la tête, et mettant son cheval au trot, il ne tarda pas à être à bonne distance du Chien pommelé.

Cette fois il arrivait dans le voisinage d’une