Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/8

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un moment de chagrin, sans le vouloir, je suis pardonnée.

— Pardonnée ! répéta Lester, en relevant sa fille dans ses bras faibles et tremblants, et laissant tomber ses larmes sur la joue de Madeleine ; jamais je n’ai mieux senti la présence d’un ange à mon côté, mais sois courageuse, console-toi. Il se peut que le ciel nous ait réservé pour aujourd’hui même notre récompense, et qu’Eugène revienne au milieu de nous libre, acquitté, triomphant.

— Ah ! dit Madeleine, comme si ces paroles lui rendaient le sentiment de la situation, hâtons-nous, pour voir l’accomplissement de votre prédiction. Oui, oui, il faut que cela soit, il le faut… Puis elle ajouta d’une voix creuse, comme si son enthousiasme avait été atteint par une pensée soudaine : sans mon rêve, je croirais que cela se passera ainsi : mais partons ; maintenant je suis prête.

La voiture s’avança lentement à travers la foule qu’avait réunie la nouvelle du procès, mais les rideaux furent tirés, le père et la fille échappèrent ainsi au pire des supplices, aux regards indiscrets et curieux des étrangers. Des places leur avaient été réservées dans la salle d’audience ; lorsqu’ils descendirent de voiture et entrèrent dans ce lieu redoutable, la figure patriarcale de Lester, les deux figures voilées et frissonnantes qui se tenaient auprès de lui, arrêtèrent tous les yeux. Ils gagnèrent enfin leurs places, et bientôt après, le mouvement qu’on entendit au dehors détourna d’eux l’at-