Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/132

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CHAPITRE XXVII


Je ne suis pas de ces gens qui mettent plusieurs jours à se décider à une chose lorsqu’elle se peut faire en un seul.

« Dans trois jours à partir d’aujourd’hui, dis-je à Bedos, à neuf heures et demie du matin, je quitte Paris pour retourner en Angleterre.

— Oh, ma pauvre femme ! dit le valet de chambre, elle va mourir de chagrin si je la quitte.

— Alors restez, » lui dis-je.

Bedos fit un mouvement d’épaules.

« Je préfère, à toutes choses, rester avec Monsieur.

— Quoi ! à tout, même à votre femme ? »

L’habile coquin mit sa main sur son cœur et s’inclina.

« Il ne faut pas que votre fidélité vous fasse du tort. Vous amènerez votre femme avec vous. »

Le drôle parut consterné : « Non, dit-il, non, je ne veux pas abuser de la générosité de Monsieur.

— J’y tiens, pas un mot de plus.

— Je demande un million de pardons à Monsieur, mais ma femme est très-souffrante et incapable de supporter le voyage.

— Alors, un aussi excellent mari que vous ne saurait songer à abandonner sa pauvre femme malade et privée de ses soins.

— Pauvreté ne connaît pas de loi. Si je ne consulte que mon cœur, et que je reste, je mourrai de faim, et il faut vivre.