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CHAPITRE XXXII


C’est un des plus délicieux souvenirs des beaux jours de ma jeunesse que celui des voyages en poste à quatre ou même à deux chevaux. En France où les chevaux ne sont rien moins que rapides, le plaisir des voyages n’est pas tout à fait aussi grand qu’en Angleterre. Cependant pour un homme qui est fatigué d’une résidence et qui soupire après le changement, qui aime l’agitation, et qui n’est pas encore blasé sur les émotions, il y a plus de charmes à se trouver sur la grande route que dans le plus moelleux fauteuil, et cette petite prison qu’on appelle une chaise de poste, est d’un séjour plus délicieux que les salons cérémonieux du palais de Devonshire.

Nous arrivâmes le lendemain de bonne heure sains et saufs à Calais.

« Monsieur dîne-t-il dans sa chambre ou à table d’hôte ?

— Dans sa chambre, c’est clair, » dit Bedos, qui trancha la question avec un air d’indignation. La dignité d’un valet de chambre français est inséparable de celle de son maître.

« Vous êtes trop bon, Bedos, lui dis-je, je dînerai à table d’hôte. Quels sont les gens qu’on y trouve en général ?

— Mon Dieu, monsieur, dit le garçon, les voyageurs se succèdent ici avec une telle rapidité, que nous voyons rarement deux jours de suite les mêmes visages. Nous changeons presque aussi souvent qu’un ministère anglais.

— Vous êtes facétieux, lui dis-je.

— Non, monsieur, reprit le garçon, qui était à la fois