Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/202

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vant à moitié et en agitant ses plumes d’un mouvement saccadé, comme un perroquet nerveux ; il faut bien que nous fassions comme les autres personnes de notre condition, lady Henriette, quoique, pour ma part, j’aime la vieille coutume de dîner tôt, et de finir les amusements de la soirée avant minuit, mais je tâche de suivre tant que je puis les personnes de notre rang. Nous nous devons à la société, lady Henriette, pour encourager la moralité publique par notre exemple ; nous ne sommes pas dans l’aristocratie pour autre chose ! » et après avoir ainsi parlé, la comtesse se redressa d’un air de dignité morale tout à fait édifiant.

Lady Henriette me regarda, et voyant que mes yeux disaient, « allez toujours, » aussi clairement que des yeux puissent parler, elle continua ainsi :

« Qui voyez-vous ici, lady Babbleton ?

— Tout le monde, répliqua la douairière, j’aime à encourager le pauvre monde ; je ne sais pas ce que c’est que d’être fière parce que l’on a un titre, lady Henriette.

— Non, répliqua la digne moitié de sir Lionel Garrett, tout le monde en effet parle de votre condescendance, lady Babbleton ; mais n’êtes-vous pas effrayée de la tâche que vous vous imposez d’aller ainsi partout.

— Oh, répondit la comtesse, j’admets très-peu de personnes dans mon intimité chez moi, mais je vais chez tout le monde comme cela se trouve. Alors me regardant, elle dit tout bas à lady Henriette :

— Quel est ce joli jeune homme ?

M. Pelham, répondit lady Henriette ; et se tournant vers moi, elle nous présenta dans les formes l’un à l’autre.

— Êtes-vous parent de lady Frances Pelham ? me demanda la douairière.

— Je suis tout simplement son fils, lui dis-je.

— Ah ! mon Dieu ! dit lady Babbleton, la drôle de chose ! quelle jolie femme et quelle élégance ! elle ne sort guère, n’est-ce pas ? Je ne l’ai rencontrée que rarement.

— Je ne pense pas non plus que Votre Seigneurie rencontre souvent ma mère, elle ne va pas partout comme cela se trouve.