Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/7

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE PREMIER


Je suis fils unique. Mon père était le fils cadet de l’un de nos plus anciens comtes, ma mère était la fille sans dot d’un pair écossais. M. Pelham était un whig modéré, et donnait de somptueux dîners. Lady Frances, ma mère, était une femme de goût, elle avait un faible prononcé pour les diamants et la vieille porcelaine de Chine.

Les gens du commun ne comprennent rien aux nécessités impérieuses de la vie élégante, et le crédit qu’ils accordent est aussi court que leur généalogie. Six ans après ma naissance, il y eut une saisie chez nous. Ma mère montait justement en voiture pour rendre visite à la duchesse de D… ; elle déclara qu’elle ne pouvait sortir sans ses diamants. L’huissier, de son côté, déclara qu’il lui était impossible de les perdre de vue. On fit un compromis, l’huissier accompagna ma mère à C… et fut présenté comme un précepteur, « un homme d’un singulier mérite, » dit ma mère à voix basse, mais si modeste ! Heureusement l’huissier fut abasourdi, et perdant toute son assurance, garda le secret. À la fin de la semaine, les diamants allèrent chez le joaillier, et lady Frances porta de fausses pierres.

Ce fut, je crois, environ un mois après cet événement qu’un cousin au sixième degré laissa à ma mère vingt mille