Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/86

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— Ce que j’en pense ? dit M. Howard de Howard, qui était aussi pauvre qu’il était mince… mais, j’y ai pensé.

— On dit que ce fat de Pelham tourne autour d’elle. (M. Aberton était loin de s’imaginer au moment où il faisait cette remarque que j’étais justement derrière lui.)

— Je ne pense pas que cela soit vrai, dit le secrétaire d’ambassade, il est si occupé de madame d’Anville !

— Peuh ! dit Aberton d’un ton dictatorial. Elle n’a jamais pensé à lui.

— En êtes-vous bien sûr, dit M. Howard de Howard ?

— Sans doute, car enfin il n’a jamais montré une lettre d’elle, et il n’a jamais dit à personne qu’il eût une liaison avec elle !

— Ah ! cela suffit, dit M. Howard de Howard. Mais n’est-ce pas là la duchesse de Perpignan ? »

M. Aberton se retourna, j’en fis autant, nos yeux se rencontrèrent, les siens se baissèrent, et c’était bien le moins, après l’épithète peu courtoise dont il venait d’accompagner mon nom. Néanmoins, j’avais trop bonne opinion de moi pour m’occuper le moins du monde de lui. D’ailleurs, à ce moment je fus tout éperdu de surprise et de plaisir, en découvrant que cette duchesse de Perpignan n’était autre que mon inconnue du matin. Elle surprit mon regard et s’inclina en souriant. « Maintenant, pensai-je en m’approchant d’elle, voyons un peu si nous pourrons éclipser M. Aberton ? »

Tous les amoureux sont les mêmes. Aussi, je ferai grâce aux lecteurs de ma conversation de ce soir-là. S’ils veulent bien se rappeler que c’était Henry Pelham qui était le galant, je suis persuadé qu’ils seront presque assurés, à l’avance, de son succès.