Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/201

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j’ignorais que ce fût l’œuvre de Dieu en moi. Je ne considérais pas que Dieu commence ordinairement la conversion du pécheur en le convainquant de péché ; 2° le péché avait encore beaucoup d’attrait pour mon cœur corrompu, et je ne pouvais me résoudre à y renoncer ; 3° je ne savais comment me séparer de mes compagnons de péché, tant leur société et leur manière de vivre m’étaient agréables ; 4° les moments où j’avais une vive conviction de ma misère, étaient pour moi si pénibles, et me mettaient dans une telle angoisse, que je n’en pouvais pas même supporter la pensée.

Chrétien. Vous parveniez donc quelquefois à vous délivrer de vos inquiétudes ?

Grand-Espoir. Quelquefois ; mais ce calme ne durait pas ; mes agitations recommençaient bientôt, malgré moi, plus violentes qu’auparavant.

Chrétien. Pourquoi ? qu’est-ce qui vous remettait ainsi vos péchés devant les yeux ?

Grand-Espoir. Une foule de choses différentes ; la rencontre d’un homme de bien ; une lecture de la Bible ; un mal de tête, la maladie d’un de mes voisins ; le son de la cloche funèbre ; la nouvelle d’une mort subite ; et surtout la pensée que je mourrais moi-même, et que bientôt je devrais comparaître devant le tribunal de Christ.

Chrétien. Et lorsque quelqu’une de ces choses réveillait ainsi votre conscience, pouviez-vous facilement vous débarrasser de vos péchés ?

Grand-Espoir. Non ; je ne le pouvais pas ; le far-