Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/61

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n’est guère douteux que si nous nous étions approchés d’eux ils nous auraient mis en pièces.

Vous m’alarmez, dit Chrétien, mais où fuirai-je pour être en sûreté ? Si je retourne dans mon pays, ma perte est assurée, car je sais qu’il sera consumé par le feu du ciel ; au lieu que si je puis parvenir à la Cité céleste, je suis certain qu’aucun mal ne pourra plus m’atteindre. Il faut que j’aille en avant ; retourner sur mes pas serait m’exposer à une mort certaine, tandis qu’en avançant je brave la crainte de la mort pour obtenir la vie éternelle. Ainsi donc je suis déterminé à poursuivre ma route. En prononçant ces paroles il se remit à marcher ; mais Timide et Défiant redescendirent la colline en courant. Cependant, réfléchissant à ce que ces deux hommes lui avaient dit, Chrétien voulut tirer son rouleau de son sein, afin de le lire pour se fortifier contre la crainte des dangers dont il était menacé ; mais il ne le trouva point, ce qui l’affligea profondément et le mit dans un grand embarras ; car ce rouleau était toute sa consolation, et c’était le passeport qui devait lui ouvrir l’entrée de la Cité céleste. Mais bientôt se rappelant qu’il s’était endormi dans le berceau où il s’était arrêté en montant la colline, il se jeta à genoux et supplia Dieu de lui pardonner cette coupable négligence ; puis il retourna en arrière pour aller à la recherche de son précieux rouleau. Mais qui pourrait décrire les regrets et la douleur dont son ame était pénétrée en rebroussant chemin ? Tantôt il poussait des sou-