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ARCHITECTURE CHRÉTIENNE

par exemple à Rome [a] : S. Cecilia, S. Crisogono, S. Giorgio in Velabro, S. Giovanni e Paolo, S. Lorenzo fuori, S. Lorenzo in Lucina, SS. Quattro Coronati dans la reconstruction du XIIe siècle et S. Saba avec un étage supérieur ; hors de Rome, dans la cathédrale de Terracine [b] et celle d’Amalfi [c] (double rangée de colonnes avec ogives et voûtes normanno-sarrasines) ; à Ravenne [d] ce portique est remplacé par un avant-corps fermé et voûté, par exemple à S. Apollinare in Classe.

Quant aux façades, il n’y en a peut-être pas une seule qui se soit conservée avec son ornementation primitive ou projetée ; car les mosaïques que l’on voit à S. Maria Maggiore [e], celles que l’on voyait à Saint-Paul [f] sont et étaient des ouvrages exécutés vers 1300[1]. Il faut donc nous borner aux conjectures indiquées plus haut.

À l’intérieur, décoré sans proportion avec le reste, l’on recherchait avant tout l’ornementation la plus riche en couleurs, à l’aide de tableaux en mosaïque recouvrant les parois supérieures de la nef centrale, la paroi de l’arc triomphal (du côté de la nef et parfois aussi du côté de l’abside), et l’abside elle meme avec les parties environnantes. Le sol était aussi décoré de mosaïques (qui, il est vrai, ne datent, dans leur état actuel, que du XIe siècle et des suivants ; nous en reparlerons plus loin) ; les parois des bas-côtés étaient décorées, au moins à leur partie inférieure, d’un revêtement de différentes pierres rares tirées des ruines de l’ancienne Rome. Les détails architectoniques devaient à côté des couleurs intenses d’une pareille ornementation et surtout du fond d’or, perdre tout effet et toute importance et se restreindre bientôt au strict nécessaire. Quand on manquait de chapiteaux antiques, c’était l’Orient parfois qui en fournissait. L’on rencontrera souvent, à Ravenne surtout, des chapiteaux corinthiens transformés d’une étrange façon ; le feuillage est sans vigueur, mais les nervures et les dentelures sont gracieuses, la matière, — du marbre proconnésien de la Propontide, — trahit la provenance (Ve et VIe siècles). Tout auprès nous rencontrons un chapiteau morne en forme d’auge, sur lequel des ornements calligraphiques sont superficiellement gravés au ciseau, et que l’imposte en forme de trapèze mentionné plus haut fait paraître plus barbare encore. (Maintenant il y a dans quelques basiliques des chapiteaux nouveaux et des corniches en stuc recouvrant les anciennes.)

Ce n’était pas en tout temps mais seulement à des occasions tout à fait solennelles qu’il était permis de jouir du grand effet de perspective que produisait l’ensemble ; un nombre incroyable de rideaux séparait habituellement les différentes parties de la basilique. Ils commençaient au petit portique extérieur (à celui de S. Clemente [g] à Rome et en

  1. Une représentation de la façade de l’ancienne basilique de Saint-Pierre [h] dans le tableau de Raphaël l’ « Incendie du Bourg ».