Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
BASILIQUES : INTÉRIEUR

d’autres endroits on voit encore quelques anneaux : à la tringle de fer), ils entouraient ensuite le grand portique quadrilatéral, divisaient transversalement la nef principale en deux ou trois parties, passaient dans les colonnades d’une colonne à l’autre et faisaient enfin de l’espace où se trouvait l’autel un sanctuaire complètement invisible. Au tabernacle de quelques autels on peut encore voir, en outre, des tringles et des anneaux spéciaux provenant des rideaux destinés autrefois à voiler les quatre côtés de l’autel. Les poutres transversales et les tringles qui portaient ces tissus souvent ornées de broderies précieuses, paraissent, d’après certains renseignements, avoir été décorées d’images de saints ; en outre, il est probable qu’elles servaient à l’édifice lui-même comme chaînages ou ancres.

Quant aux trônes, ambons, chaires, chandeliers en forme de colonnes pour le cierge pascal, et autres objets qui complétaient la décoration, la plupart n’ont été exécutés que depuis le XIe siècle (V. plus loin). Il faut en excepter deux objets seulement comme ayant probablement reçu dès les premiers temps du christianisme la forme qui leur est demeurée. D’abord les autels ; jusque vers le IXe siècle chaque église n’en avait qu’un seul. Ils sont ton disposés de telle sorte que le prêtre se tient derrière et tourne la face vers les fidèles. Au-dessus s’élève, sur quatre colonnes formées des pierres les plus rares, le tabernacle dont la partie supérieure ou baldaquin forme une petite construction ornementale à part (colonnettes au sommet, petites coupoles, etc., parfois aussi de simples frontons). Exemple le plus ancien : à S. Giorgio in Velabro à Rome [a], un plus moderne à S. Clemente ; un autre, du IXe siècle, à S. Appolinare in Classe [b], à Ravenne (dans la nef latérale gauche), et encore un du XIIe siècle, sinon plus ancien, à S. Anastasia, à Rome [c] et à S. Lorenzo fuori (de 1188)[1] ; les deux autels latéraux de la cathédrale [d]] de Terracine ont également encore leur forme primitive (XIIe siècle ?). Dans beaucoup d’autels les quatre colonnes seules sont anciennes.

L’aménagement de la partie appelée chorus, qui ne s’est conservé distinctement qu’à S. Clemente [e], à Rome, est une particularité sinon de la primitive église, du moins de l’ancienne. Un espace carré vers l’extrémité de la nef centrale, exhaussé d’un ou de plusieurs degrés et entouré de barrières de marbre, était la place du clergé chantant des psaumes[2] ; des deux côtés étaient établis les ambons ou analogia, à gauche de l’autel pour l’épître, à droite pour l’évangile.

Si l’on jette un regard sur l’ensemble de cette nouvelle création de l’art, ou s’apercevra qu’il lui manque essentiellement la vie organique

  1. Le monument funèbre des Lavagna à droite de la porte principale de la même église, construite en un tabernacle absolument pareil (au-dessus d’un sarcophage antique) qui date peut-être seulement de l’année 1256.
  2. Usité peut-etre dans des églises sans nef transversale pour remplacer cette dernière ?