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ARCHITECTURE GOTHIQUE.

terminé par des façades droites, devait en avoir 436, le tout comprenant trois nefs, et avec des rangées de chapelles des deux côtés ; au-dessus de la croisée devait s’élever une coupole octogone de 250 pieds de hauteur, flanquée de quatre tours. On arrivait à dépasser les Florentins par la longueur gigantesque des quatre bras et les rangées continues des chapelles ; on n’égalait pas en hauteur la coupole florentine (non construite encore), pour n’avoir pas à troubler la perspective intérieure par des murs obliques au lieu de piliers élancés ; l’effet des quatre tours, d’ailleurs, à l’extérieur du moins, eut été une belle compensation. Le monument eût été inférieur à certaines cathédrales du Nord par l’étendue déraisonnable du transept ; le renforcement des piliers placés sous la coupole, même réduit au strict nécessaire, eut toujours nui quelque peu à la perspective du chœur. Enfin il eût été difficile de donner au rond-point du chœur une forme supportable.

De tout ce projet, les nefs antérieures seules puis une partie du transept ont été exécutées, et encore d’une façon défectueuse ; les surfaces extérieures n’ont été que partiellement achevées, à des époques différentes, et même très récemment (jusque fort avant dans le xviie siècle).

L’édifice, tel qu’il existe maintenant, est une sorte de compromis entre le gothique du Nord et le gothique du Midi, mais dans un sens meilleur et plus strict que ce n’est le cas pour la cathédrale de Milan.

À l’intérieur, l’ordonnance adoptée est la même que pour les nefs de Florence, avec des piliers aussi espacés que possible et disposés en carrés ; la hauteur est encore augmentée. Aux divisions oblongues des nefs latérales correspondent deux chapelles un peu plus basses avec d’immenses fenêtres ; bien que ces dernières fussent toutes ornées de vitraux, les fenêtres rondes des nefs latérales et de la nef centrale, quoique moindres, ont gardé l’avantage, grâce au jour tombant d’en haut. Les piliers et leurs chapiteaux sont d’une forme moins fine et moins belle qu’à Florence, mais leur hauteur leur prête plus d’effet ; les arcs, en outre, sont plus élancés et il n’y a pas de galerie qui coupe le mur supérieur (v. p. 58, note 2).

À l’extérieur, le rez-de-chaussée est seul entièrement achevé ; aux parties supérieures manque l’incrustation dont le riche dessin devait être exécuté partie en pierre et partie en brique. Les parties inférieures des nefs latérales offrent des piliers simples, des meneaux de fenêtres assez pures et les amorces des gables. La façade en marbre n’a pas été bien commencée, à en juger par son aspect actuel ; les piliers engagés ont des profils obliques, les piliers des angles sont ronds. Aussi n’en a-t-on jamais été satisfait. — (À l’extrémité du bas côté gauche, la sacristie contient plus de trente projets de la façade, émanant d’architectes, la plupart célèbres, du xve au xviie siècle, généralement dans le style gothique, dont les lois pourtant n’étaient plus connues. On peut voir, par exemple, quelles idées Jules Romain et Baldassare Peruzzi se faisaient du style