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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/111

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nière de frise ; les pieds sont réunis par de riches feuillages d’un bon mouvement.

Les casques et les cuirasses (4e salle des Bronzes, au rez-de-chaussée), dont la plupart viennent de Pompéi [a], sont ornés par endroits de reliefs superbes et très riches. Les figures en pied et les scènes entières, la prise de Troie par exemple, sont avec raison attribuées au casque, tandis que les brassards et les cuissards, à l’exception d’une figure de dieu représentée par devant, n’offrent que des masques, des aigles, des arabesques, des cornes d’abondance, etc. D’autres casques de facture romaine plus grossière ne portent que des trophées, des têtes de dieux, etc. Sur une belle cuirasse grecque provenant de Pæstum (?) se trouve la tête de Pallas Athênê. — On reconnaît que même dans ces harnais de guerriers et de gladiateurs la belle forme antique ne se dément pas. (Le Museo Patrio à Brescia [b] possède l’imitation de l’armure d’un cheval)[1].

En résumé, c’est pour nous un sujet d’étonnement toujours nouveau, qu’un peuple qui traitait les formes décoratives avec tant de facilité et de perfection n’ait presque jamais dépassé la mesure ni abusé de ce talent. Comme comparaison il suffit de jeter un regard sur la renaissance, qui ne peut se vanter d’une pareille sobriété, elle qui ornait les supports dans le même style que les surfaces planes, et dont les efforts réussissaient bien à donner aux vases de la grâce et de la magnificence, mais non à réaliser l’idée d’un développement vivant. Auprès de cela, qu’on pardonne volontiers aux anciens d’avoir donné aux poids de la balance romaine la forme d’une tête de satyre ou de la tête de Mercure, dieu du commerce (Capitole [c], salle du Cheval de bronze ). Nous trouvons encore d’autres caprices) mais isolés, sans prétentions, qui ne nuisent jamais à la clarté du motif essentiel


Les vases de verre offrent un contraste intéressant avec ceux d’airain. Le Musée de Naples [d], dans la troisième salle de l’entresol, en possède une collection importante dont la plus grande partie vient de Pompéi. Ces verres n’ont pas une forme meilleure que notre verrerie ordinaire, parce qu’ils étaient soufflés, procédé qui ne donne, en règle générale, que des contours insignifiants et sans vie. L’œil peut cependant s’arrêter sans être choqué sur quelques petites coupes, etc., d’une belle couleur bleu d’azur, et sur quelques restes de millefiori[2] irisé, bien que ces derniers objets ne puissent rivaliser avec les produits de luxe que Venise fabrique actuellement.

Les vases pompéiens en terre cuite (salles 4 et 5 du même étage) [e]

  1. Les cuirasses ornées des statues de marbre, telles que celle d’Auguste au Broccio Nuovo du Vatican [f], et celle de la statue qu’on croit être Germanicus (salle 6 du Musée de Latran) sont aussi des reproductions évidemment fidèles des cuirasses de métal.
  2. Mosaïque de verre. (N du Tr.)