Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

artistes greee, mais en œuvres de l’époque romaine depuis le dernier siècle de la république. Ce sont en partie des œuvres originales de cette époque même ; par exemple, des statues et des bustes de Romains, des sculptures qui décoraient les arcs de triomphe, tombeaux et colonnes honorifiques, etc. ; mais on trouve en bien plus grand nombre des reproductions d’anciens types et motifs idéaux, la plupart d’invention grecque ainsi que des copies au sens propre du mot. Les artistes mêmes sont presque tous inconnus ; mais on se plaît à supposer qu’une excellente colonie de sculpteurs grecs a fleuri à Rome et en Italie jusqu’à une époque avancée du régime impérial. Toujours est-il que nous devons nous résigner, pour la belle époque de l’art grec, à savoir quantité de noms d’artistes dont il ne reste guère d’ouvrages, et, au contraire, pour les derniers temps de l’antiquité, à connaître nombre d’œuvres presque toutes anonymes. La différence entre l’art grec et l’art romain, comme il appert de ce que nous disons, est certes bien visible en général, mais dans chaque monument particulier elle n’est pas toujours facile à démontrer. Les distinctions vulgaires notamment laissent souvent désorientée, par exemple la théorie d’après laquelle les reliefs grecs auraient un repoussé médiocre et un fond inégal, tandis que les reliefs romains se distingueraient par des rondeurs accusées et un fond uni. Dans la restauration des copies, on a pu constater que le procédé des sculpteurs modernes dans le calcul des parties saillantes, la mise au point, avait été visiblement plus d’une fois en usage. Quant au nombre de ces copies, il suffira de dire qu’il s’est conservé plus de soixante répliques du Satyre de Praxitèle.


L’ancienne destination et la place de ces sculptures étaient très différentes, et répondaient en général à leur valeur ou à leur nature extérieure. Les statues colossales étaient attribuées aux temples les plus vastes (temple d’Olympie, Parthénon) ou aux immenses édifices romains (théâtres, amphithéâtres, cirques, thermes) ; elles se dressaient encore en plein air, où, même au milieu de vastes édifices, elles pouvaient dominer encore. Rarement on trouve des idoles proprement dites, tandis que les autres ornements des temples, les reliefs de leurs frises, les statues de leurs frontons et de leurs portiques subsistent en grand nombre. Les statues proviennent sans doute des portiques et des bibliothèques des riches et des grands, en partie aussi des places publiques, tandis que dans les maisons particulières et les villas des gens aisés on a découvert en outre quantité de dieux, de héros, de naïades et autres créations idéales. Pour les autels et les sarcophages, c’est leur destination qui marque leur origine ; les candélabres et les vases de marbre pouvaient aussi bien servir à un usage sacré dans les temples qu’à la décoration des palais ; les termes s’élevaient plutôt en plein air, dans les jardins surtout ou devant l’entrée des maisons. Enfin les bains ro-