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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/124

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dans le vestibule inférieur du Musée de Naples [a] sont des œuvres décoratives en partie bonnes, en partie passables.

Dans la tête de l’Océan [b] conservée à Florence (Uffizi, portique de Niobé) l’air sombre apparaît sérieusement accentué et annonce la tempête ; cet air se change en effroi, je pourrais même dire consternation sur le masque colossal d’un dieu des eaux qu’on voit au Vatican, Musée Chiaramonti [c]. Une tête semblable est à la Villa Albani [d], chambres latérales à droite. Un désir douloureux est l’expression du dieu marin qu’on voit dans la Sala rotonda du Vatican [e], avec des raisins dans les cheveux, des dauphins dans la barbe, des écailles sur les sourcils et sur les joues. Cette statue est très probablement la personnification du golfe de Naples, on l’a découverte aux environs de Pouzzoles et de Baïes. Les deux têtes colossales (masques) de la Villa Albani [f], derrière le Café, ont une expression plus calme.


Un type qui forme avec Jupiter une antithèse remarquable est la représentation primitive de Bacchus (Dionysos) avec une barbe, conservée traditionnellement par l’art en style hiératique ou avec des formes approchantes, En face de Jupiter, le dieu de l’harmonie morale dans le monde, se place un roi, un dieu des joies de la nature, avec une expression de jouissance et de béatitude que nous ne rencontrons guère sans doute dans la vie réelle chez les hommes arrivés à l’âge mûr, mais qui cependant est, au fond, d’une entière vérité. Les formes larges, bien pleines, mais nullement lourdes, et la gaieté calme du visage, le regard serein, les boucles d’une symétrie caractéristique retenues d’une bandelette, la barbe bouclée aussi, tout cela se voit déjà dans les termes ou les bustes que les anciens ont dû élever par milliers dans leurs jardins et leurs maisons. Il y en a toute une collection dans le jardin et à d’autres endroits de la Villa Albani [g] ; — dans la salle 11 du Musée de Latran [h], — quatre au Palais Giustiniani à Rome [i] en bas, — plusieurs, dont quelques bustes de Mercure barbu, dans la Galleria geografica du Vatican [j]. Beaucoup de ces œuvres sont d’un travail grossier. On a pris à tort la statue de Bacchus (Villa Albani [k], à droite du palais, à l’extrémité de la galerie latérale) pour celle d’un prêtre du dieu ; on en voit une réplique dans la Galerie Doria, salle 1.

Nous retrouvons ce type, élevé à un idéal mystérieux, dans une célèbre statue du Vatican (Sala della Biga) dont le vêtement porte cette inscription : Sardanapallos [l]. Drapé dans une ample et magnifique robe, la main droite posée sur un sceptre (incomplètement restauré ; c’était plutôt un thyrse sur lequel le dieu s’appuyait), ce Bacchus d’âge viril contemple avec une intime et profonde volupté le monde qu’il a dominé. La tête et le buste d’un Bacchus barbu au Musée de Naples [m], salle 2, ont une grande ressemblance avec cette œuvre, mais sont bien plus médiocres. En tout cas, il faut remarquer encore les deux