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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/136

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bre de personnages. — Le troisième corridor renferme encore plusieurs statues de guerriers, dont quelques-unes d’une valeur secondaire ; la plus grande partie est moderne (voir plus bas, Barbares). Dans la Galleria lapidaria se trouve aussi une des rares statues dont le sujet est emprunté au cycle troyen, statue colossale, déjà restaurée dans l’antiquité (?) et dont la tête est un portrait : c’est un guerrier presque nu portant un enfant mort qu’il tient par le pied et laisse pendre sur son épaule [a] ; il semble se hâter pour sortir de la mêlée ; c’est peut-être Hector qui enlève à Achille le corps de Troïlos. Ici, les formes ne sont plus athlétiques, mais héroïques à un degré élevé, autant que la nature antique se laisse reconnaître dans cette œuvre ; le mouvement et le motif des deux corps indiquent un original excellent. — Un autre groupe souvent répété doit avoir été plus célèbre encore : c’est Ajax (selon d’autres, Ménélas) portant le cadavre de Patrocle : nous en parlerons à l’occasion des groupes.

Peut-être l’excellente statue de héros qui est à la Villa Albani (portique du Café) a-t-elle représenté Achille [b] ; la tête a été changée, et le reste est une très bonne copie du Doryphore de Polyclète à laquelle on a ajouté un baudrier (comp. p. 83 b.) — Une merveilleuse tête d’Achille [c], œuvre d’un artiste grec, se trouve au Campo Santo de Pise (no 78).

Nous n’avons aucun Ulysse authentique, sauf la petite statue du Musée Chiaramonti (Vatican), qui le représente au moment où il tend la coupe au Cyclope [d]. Cette figure exprime la force et même la dureté, dans les traits on lit l’énergie et la patience à toute épreuve, plutôt que l’astuce. La collection des antiques du Palais des Doges à Venise [e] nous offre encore une statuette (no 112).


Aux guerriers font suite les chasseurs, et tout d’abord leur type, Méléagre. La célèbre statue [f] du Vatican (Belvédère), excellente copie d’un original grec de l’école de Lysippe, bien que n’étant pas également animée dans toutes ses parties, nous présente ce type arrivé à son développement parfait, ressemblant beaucoup à Mercure, même par la tournure et les traits de son jeune visage, et cependant avec une autre nature que le dieu. La chasse exige et forme des qualités corporelles tout autres et plus spéciales que les formes athlétiques ; elle ne demande que la sveltesse et la rapidité ; une musculature formée pour tous les exercices serait superflue. Autant cette figure a de beauté et d’aisance, autant le motif sur lequel s’appuie son bras gauche est lourd et peu clair (une tête de sanglier et un tronc). Il est certain que l’artiste avait sous les yeux un original en bronze, et a dû se tirer d’affaire avec le marbre comme il a pu. Une petite reproduction de ce Méléagre [g] est au Musée da Naples (salle 4). Une statue de grandeur naturelle, très retouchée, est exposée dans la salle principale de la Villa Borghese [h].