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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/138

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Minerve apparaît bien caractérisée comme vierge guerrière dans une statue des Uffizi (corridor de communication) dont l’idée est belle, mais l’exécution médiocre [a]. Le vêtement, très bien jeté, retenu à la hanche par la main droite, ne descend que jusqu’au mollet. La tête, qui est bien à elle, qui est antique du moins, regarde an ciel, depuis que le fragment du cou a été replacé, d’un air un peu sentimental. Il en existe plusieurs reproductions, notamment au Casino de la Villa Rospigliosi à Rome [b]].

Toute la majesté de la déesse apparaît pour la première fois dans ce type conservé par deux statues qui ont un seul et même original : la Minerve Giustiniani au Braccio Nuovo du Vatican [c], et la Minerve de Velletri[1] dans la galerie supérieure du Musée Capitolin [d]. La déesse est debout, tranquille, dans un long vêtement et un péplum simplement drapé ; comme armes, elle ne porte, dans ces deux statues, que la lance et le casque élevé et tout uni. Son visage long et ovale, au regard et à la bouche sévères, a dans sa beauté un air altier et étranger à toute tendresse. La pureté indicible des traits ne produit cependant pas une impression de froideur, parce qu’une puissance divine y règne et appelle la confiance. C’est justement l’entière simplicité de toute cette figure qui fait ressortir et dominer cette expression. Avons-nous ici devant les yeux un type de l’art tout à fait ancien ou de l’art un peu postérieur ? Cette question peu rester en suspens ; en tout cas, on admirera l’artiste qui le premier a conçu de cette manière la nature de Pallas Athénè. La Pallas de Velletri est d’un travail inégal, et malheureusement on a poli fortement la Pallas Giustiniani. Une figure semblable, d’un bon travail romain, avec tête moderne, se voit au Palais Pitti à Florence [e], dans le vestibule intérieur, en haut de l’escalier principal. Le torse d’une réduction de la Pallas Giustiniani a été découvert au théâtre de Bacchus à Athènes.

Un certain nombre de bustes isolés de la déesse conservent dans l’ensemble ce type tranquille adopté plus tard. Au Broccio Nuovo du Vatican est placé dans le haut un très beau buste [f] qu’on ne reconnaîtra peut-être pas du premier coup d’œil pour une œuvre moderne. Mais, par le fait, c’est une tête ajoutée à un fragment antique. — Au Musée Chiaramonti, on voit un buste colossal [g] avec des yeux enchâssés et des cils en métal ; c’est un travail insignifiant, une œuvre décorative romaine. Au même musée, une petite tête d’un bon style [h]. Dans les salles des bustes, un grand buste qui est excellent [i]. Au Musée de Naples (salle 2) deux bustes bien exécutés [i].


La Minerve guerrière et armée a directement inspiré le type de la déesse Roma, si toutefois nous voulons revendiquer comme telle la statue

  1. Il y a au Louvre une autre Minerve de Velletri ; c’est une statue colossale qui lève le bras droit.