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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/150

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Villa Borghese [a], sur l’escalier du Musée de naples [b], aussi dans une statuette de ce même musée (salle 2), enfin dans la salle des Inscriptions des Uffizi à Florence [c] et ailleurs, on trouve une femme entièrement drapée, d’une beauté mûre, dont les formes s’accusent à travers sa mince tunique moulée au corps ; d’une main elle ramène en avant le péplum, comme si elle voulait s’en envelopper[1]. On a identifié ce type avec la « Vénus Genitrix », mais à tort. — La tête de ce genre de statues est le plus souvent un portrait d’impératrice ; celles qui doivent représenter la déesse elle-même portent des traits de matrone à la beauté encore juvénile : telle est la statue de Florence si bien conservée et si bien exécutée comme statue décorative.

Une belle tête en marbre, qui provient d’Ortie et rappelle « l’Idéal » de Canova, se trouve dans la salle 16 du Musée de Latran, au Vatican [d].


Au type plus récent de Vénus, que nous montrent la « Vénus de Médicis » et la « Vénus accroupie », se rattachent un certain nombre de demi-divinités, dont le caractère mythologique est différent. Toutes sont vêtues, soit entièrement, soit en partie, car la nudité n’appartient qu’à la déesse ou à la courtisane. Leurs traits, en dépit d’un grand charme et d’une grande ressemblance avec ceux de Vénus ne portent pas l’empteinte de la divinité, et accusent plutôt la gentillesse et la grâce. La tête est étroite et en peu allongée, mais parfois aussi ronde comme celle d’un enfant, avec un petit nez ; la partie inférieure du visage est un peu anguleuse. Mais l’essentiel est la pose et le mouvement.

Ainsi, on avouera, par exemple, que la Danaïde du Vatican (Galleria della Statue) [e], qui tient l’urne devant elle, s’incline plus gracieusement que dans toute autre œuvre d’art où ce sujet est traité. Le mouvement délicat qui anime le cou et le dos, le torse et les hanches, et qui se continue dans la draperie, est incomparable ; les bras sont restaurés, mais en perfection. À la Villa Borghese [f], salle de Tyrtée, se voit un exemplaire bien inférieur et fortement restauré.

Une figure assise[2], entièrement vêtue, et qui s’accoude en regardant devant elle, rappelle ce type qui, sans doute est celui de « Nymphe », Vatican (Galleria delle Statue) [g] ; un second exemplaire se trouve à l’étage supérieur du Palais Barberini à Rome [h] ; c’est une œuvre remarquable et pour l’invention et pour le style, probablement l’original de la figure du Vatican, et un travail grec authentique du Ve siècle av. J.-C.

On a cru reconnaître en elle la « Didon affligée », mais c’est plutôt une suppliante qui cherche un refuge au pied de l’autel. La tristesse douloureuse qu’on lit non seulement sur son visage, mais aussi dans son attitude abandonnée, devient très claire par la comparaison avec la Pénélope [i] assise vis-à-vis, exécutée dans le style archaïque ; celle-ci ré-

  1. Vénus soulevant son manteau.
  2. La tête a été restaurée, mais probablement dans l’antiquité.