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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/152

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encoignure de droite). Je suis également tenté de prendre pour la nourrice du dieu une statue de marbre très réussie, exposée dans la galerie inférieure du Palais Ceperello à Florence [a] (corso no 4), d’abord à cause du développement de la poitrine ; la tête est moderne, mais s’accorde avec l’ensemble. Les « têtes de Sapho » se distinguent par la même manière de retenir les cheveux.

Aux figures de Nymphes vêtues, dont le type est puissant, il faut joindre une statue unique en son genre : la « Cléopâtre » du Vatican [b] (Galleria delle Statue), qui serait plus exactement appelée l’Ariane endormie, ce que prouve le bas-relief placé à côté (no 416) traitant le même sujet sous forme de groupe : Ariane abandonnée par Thésée. D’ailleurs, au premier coup d’œil on reconnaît une femme endormie, non une mourante. Elle est un peu trop penchée en avant, ce qui donne surtout au bras rejeté sur la tête une apparence de lourdeur et gâte un peu l’aspect général. Comme expression du repos, cette œuvre donnera toujours le ton en sculpture. Il n’est pas possible d’étendre plus majestueusement une femme endormie et unissant la grâce à la noblesse. On n’admirera jamais assez la manière dont le caractère de la tête est relevé par la pose des bras, la dignité extraordinaire dans le croisement des jambes, enfin le charme inimitable et l’habile ordonnance des draperies. La sévère beauté du visage nous révèle une Ariane qui n’est pas encore admise dans le cortège de son sauveur Bacchus ; le type de bacchante qu’on lui a donné ultérieurement nons occupera plus loin.


Ici nous devons mentionner l’une des œuvres les plus célèbres de l’antiquité, la Flore Farnèse [c] (Musée de Naples, 5e salle). La signification en est très incertaine ; la tête, les bras, les attributs et les pieds étant modernes, le seul point certain est qu’on a voulu représenter un être demi-divin. De grandeur colossale et faite dans un but décoratif, cette belle figure dénote cependant un travail très vivant, aussi bien dans la tunique retenue à l’épaule par deux agrafes et à la taille par une ceinture, que dans le péplum légèrement drapé et dans les parties nues. Avec des formes très opulentes, toute la figure donne au plus haut degré une impression d’aisance parfaite : c’est une veritable déesse du bien-être intime. Une autre statue colossale de la même collection (vestibule inférieur) est certainement une Flore [d], mais traitée à la manière décorative romaine, en lourde cariatide ; cependant la tête grandiose est ancienne. J’ignore si le Génie du peuple romain, qui sert de pendant et qui est également d’un style étrangement lourd, a fait partie autrefois d’une série de figures semblables.


Je ne pourrais pas citer un seul exemplaire remarquable de Pomone. Celle des Uffizi [e] (corridor 1), dont on pourrait faire mention comme exemple, une insignifiante statue de jardin, romaine, avec une tête moderne, De même on ne trouve pas malheureusement dans les collec-