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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/158

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pointes, jusqu’au-dessous du genou gauche : un troisième pan, dont le repli intérieur dessine avec charme les contours de la poitrine, retombe par-dessus le bras gauche. Les exemplaires en marbre sont parfois d’une exécution meilleure, mais le motif se comprend moins à cause des mutilations. Il existe, dans la même collection (corridor 2) une figure de ce genre en marbre [a] ; elle est bien conservée, sauf les extrémités de la draperie à droite du spectateur, et sauf les mains dont la restauration actuelle ne laisse plus, d’ailleurs, reconnaître que la femme est en prières. On peut certainement compter cette statue parmi les plus belles statues drapées que l’art romain nous ait transmises. La Piété en bronze risquerait d’être éclipsée par cette figure.

Le motif qui, parmi les Muses, est surtout attribué à Polymnie se rencontre très fréquemment ; le péplum recouvre le côté gauche et le bras gauche, si bien que de la main on voit à peine le bout des doigts ; rejeté en arrière, la main droite est prête à le replacer par-dessus l’épaule gauche. Ce motif est très bien traité dans deux belles statues de jeunes Romaines, peut-être de la famille de Balbus, au Musée de Naples, [b], 2e corridor, et dans une statue d’impératrice, 1er corridor [c]. — Il faut y ajouter une Iphigénie qui se trouve dans l’église S. Corona de Vicence [d] près du 5e autel à gauche. — La prêtresse de Florence (Uffizi [e], salle des Inscriptions) est aussi voilée d’une manière originale et ravissante ; du large péplum, qui drape tout le corps, on ne voit sortir que la main gauche qui tient une coupe (restaurée) ; la poitrine et le bras droit, qui est caché, se dessinent sous la draperie avec une grande noblesse. — Une charmante prêtresse se trouve parmi les statues de demi-grandeur naturelle, dans une des dernières salles (Stanza della Stufa) de la galerie du Palais Pitti [f].

La tunique est traitée en objet principal dans trois statues assises, qui datent des premiers empereurs ; on les regarde comme les portraits de l’une ou de l’autre Agrippine : Museo Capitolino [g], salle des Empereurs ; Villa Albani [h], vestibule du rez-de-chaussée du Casino ; il faut nommer ici, comme complément, la vieille femme assise les mains croisées [i], Musée de Naples, 3e corridor[1].

S’il est délicat de décider, sur la physionomie que ces images représentent, entre l’une des plus vertueuses et l’une des plus vicieuses d’entre les Romaines, — et les deux noms supposés sont également douteux, — toujours est-il que nous avons devant les yeux ce type général sous lequel les grandes dames de Tacite et de Juvénal aimaient à se faire représenter. L’attitude aisée du corps assis, le gracieux développement des plus belles formes qui en résulte, devaient mettre ce motif en faveur. En tout cas, l’invention en est grecque, et non romaine. Ces statues, il est vrai,

  1. Deux statues d’Agrippine, d’un travail médiocre, se trouvent aux Uffizi de Florence, [j] à l’entrée, du corridor I.