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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/162

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jeunes jusqu’à n’être plus enfin que de la taille de chérubins et d’un travail toujours plus grossier. Il restait à l’art moderne un champ ouvert où Canova et Thorwaldsen pouvaient être créateurs.

Il existe, mais en exemplaires médiocres, deux autres figures d’adolescents qui ont une ressemblance intime avec le type de Cupidon : les fils de la maison royale d’Ilion, renommés pour leur beauté, les bergers de l’Ida. C’est d’abord le jeune Pâris dans une statue romaine relativement médiocre, au Musée de Naples [a] (3e salle). Il se repose appuyé, les pieds l’un sur l’autre, et tenant de la main droite la pomme derrière lui ; deux javelots font reconnaître le chasseur ; à côté de lui, un chien. Il y a dans cette figure quelque chose du beau désœuvrement des dieux et des satyres au repos, mais l’exécution est embarrassée. (Quant au Pâris arrivé à l’âge d’homme, Galleria elle Statue du Vatican, voyez plus bas.) À la Villa Borghese [b], une autre statuette qui mérite attention.

C’est d’abord dans une œuvre très célèbre, probablement de Léocharès, que l’art antique doit avoir représenté Ganymède, svelte adolescent, dont la figure exprime la résignation, enlevé avec précaution par un aigle. Naturellement, le groupe est appuyé contre un tronc d’arbre ; c’est là un sujet dont la convenance à la sculpture est douteuse. Un petit exemplaire de l’époque romaine est dans la Galleria de’ Cantelabri. du Vatican [c]. Le Ganymède vénitien, autrefois renommé, et qui se trouve au Palais des Doges (Camera a Letto [d]),sans tronc et maintenant suspendu en l’air, est un médiocre travail romain. — À côté de cette représentation idéale, d’autres statues accusent plutôt le caractère de berger ou d’échanson ; par exemple, celle du Musée de Naples, [d], (3e salle) : Ganymède appuyé sur l’aigle et lui parlant [e] : beau travail ; la restauration a mal compris le mouvement de la main ; la tête est moderne. Tout auprès, il y a un Ganymède bien plus mauvais. Un autre exemplaire, également mal restauré, se trouve aux Uffizi, [f], 1er corridor. — Il existe aussi, au moins en bas-relief, un Ganymède donnant à boire à l’aigle. — Une jolie petite statue, destinée à orner une fontaine, ayant les bras restaurés et paraissant regarder l’aigle (qui est détruit), se trouve au Braccio Nuovo du Vatican [g] ; le nom de l’artiste (?), Phaïdinos, se lit à la base. — Au même musée, Gabinetto elle Maschere [h], une statue insignifiante. La Galleria de’ Cantelabri [i] nous présente une très belle conception et une statue passable : Ganymède élève la coupe ; lui et l’aigle qui se tient à côté de lui, non plus comme l’enveloppe, mais comme l’attribut même de Jupiter, regardent vers le ciel et semblent contempler le dieu. Ce n’est plus là le service terrestre : c’est déjà la fonction sacrée de l’échanson. Le bras qui tient la coupe est moderne, mais s’adapte bien aux fragments anciens. Raphaël a eu le même sentiment dans son festin royal de la Farnesina, où il représente Ganymède un genou en terre. Dans la belle et vivante statue de plus petites dimensions qu’on voit aux Uffizi (salle de l’Hermaphrodite) [j] la tête, ainsi que l’aigle,