Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Très restauré le plus souvent, il laisse des doutes quant à la position de ses bras et à la figure du dieu enfant. Exemplaire remarquable, mais très retouché, au Musée de Naples [a] (3e corridor) ; d'autres au Broccio Nuovo du Vatican [b] et à la Villa Albani [c] (galerie latérale de droite). L'enfant est parfois regardé seulement comme un jeune Bacchant. — On retrouve de temps à autre la même force dans la figure d'un satyre portant un chevreau.

Autant la flûte convient au satyre idyllique solitaire et au repos, autant les cymbales et le tambourin sont les attributs du cortège de Bacchus en marche. Les figures dont nous allons parler expriment une ivresse tantôt joyeuse, tantôt sauvage, qui anime d'une seconde vie, d'une vie infernale, les corps souvent admirables. La célèbre statue florentine des Uffizi [d] (tribune) exprime l'enthousiasme musical le plus violent qu'on puisse imaginer ; le mouvement montre bien que dans cette musique la mélodie est subordonnée au rythme dont l'allure sauvage est admirablement rendue. La tête et les bras, ainsi que les cymbales, ont été restaurés par Michel-Ange : c'est; malgré la surface endommagée, l'un des meilleurs types de satyre. Tout différent, mais incomparable ainsi dans son genre, est celui de la Villa Borghese [e] (au milieu de la salle du Faune), restauré à tort en joueur de cymbales ; virtuose consommé et danseur en même temps, il tourbillonne sur ses deux pieds avec une vitesse prodigieuse ; ses membres nerveux tendus par la danse, son visage original et laid, sont traités on ne peut plus spirituellement. D'après ses joues gonflées, comme d'après les représentations des bas-reliefs, on doit se le figurer en joueur de flûte.

Plus désordonnée et plus sauvage encore est la mimique du danseur colossal [f] de la même collection (salle principale), auquel celui qui l'a restauré a mis une houlette en main. L'œuvre, dans ses parties anciennes, peut encore être regardée comme bonne, cependant certains détails, par exemple le gonflement des veines abdominales, etc., ne sont plus d'un effet agréable dans de grandes proportions. Un troisième satyre, de grande taille [g], qu'on voit dans la salle du Faune, est moderne pour plus de la moitié. Deux statuettes presque identiques, satyres dansant avec des cymbales, très renversés en arrière, dans la Galleria de’ Cantelabri du Vatican [h], sont peut-être imitées d'un onginal célèbre. Elles sont restaurées exactement, et nous présentent le plus comique des motifs : un satyre qui tient sa petite queue d'une main, et qui, en renversant la tête de toute sa force, arrive à la regarder. Reproductions dans les musées hors de l'Italie. — Un zélé joueur de la double flûte, petit bronze aux Uffizi [i], deuxième salle des Bronzes, troisième vitrine.

Quelquefois l'artiste a plutôt voulu rendre de simples sauts de joie qu'une véritable danse. Peut-être en est-il ainsi dans la ravissante statuette de Pompéi au Musée de Naples [j] (2e salle des Bronzes) ; regardant au ciel, et claquant des doigts en l'air, ce gai compagnon, qui n’est