Aller au contenu

Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des successeurs d’Alexandre. La ressemblance du centaure le plus âgé avec le Laocoon reste toujours frappante ; en tout cas, on a voulu représenter le contraste entre la vieillesse et la jeunesse, la gaieté et la mélancolie.

On comprend, du reste, que la statue de marbre n’était pas la forme propre à montrer le centaure en plein mouvement bachique. Un grand nombre de petits tableaux pompéiens, vraiment admirables, nous donnent une idée complète de ce qu’on accordait aux satyres et aux centaures.


Quant aux figures féminines du cortège de Bacchus, on en voit beaucoup sur les bas-reliefs et les peintures, très peu sous forme de statues. On peut souvent douter si telle statue représente Ariane. Devant une figure du Vatican (Gabinetto delle Maschere) [a], dont le mouvement et la draperie sont admirables, nous hésitons à décider si c’est Ariane ou seulement une bacchante dansant ; cette suave tête de bacchante couronnée de lierre est bien antique. Une jeune faunesse de la Villa Albani [b] (galerie latérale de droite), à qui l’on a rajusté une tête, celle d’une autre statue peut-être, laisse deviner sa nature par les traits de son visage. Le petit nez camus est pareil à un nez d’enfant ; le mouvement de la danseuse a donné, peut-être avec raison, l’idée de lui mettre en mains des cymbales. Une autre faunesse, au repos et debout, ayant une peau de bête par-dessus la tunique, dans la salle inférieure du Palais des Conservateurs du Capitole [c] ; malheureusement il est douteux que la tête de cette statue, bien conçue, soit authentique. — Une bacchante svelte et marchant à grande pas, suivie d’un lynx plus petit que nature et restaurée a la tête et aux bras d’une manière déplorable, nous présente un beau motif médiocrement exécuté à l’époque romaine (Uffizi [d], corridor de communication). — Une charmante statue drapée de bacchante (?) se voit au Palais Valentini à Rome [e], à droite de l’entrée sur la Piazza di SS. Apostoli. — Une jolie bacchante, avec une peau de bête, dans le Palais des Doges à Venise [f] (corridor), a maintenant une tête de Diane. — Enfin il existe des Silènes féminins. Une figure excellente en ce genre, dans la galerie supérieure du Museo Capitolino [g], nous représente une vieille, assise à terre, et qui a avec l’amphore des rapports au moins aussi intimes que ceux de Silène avec son outre ; sa tête maigre se lève avec une expression de plaisir ; sa bouche ouverte et son gosier semblent encore avaler. Ce tableau de genre, un peu rude, ne doit pas être compris dans le cercle bachique. La Villa Albani [h] pourtant possède un Pan féminin ; des centauresses et des satyres féminins se rencontrent sur les peintures pompéiennes et sur les bas-reliefs des sarcophages.


Toutes ces figures ne sont que des parties d’un grand tout, que l’imagination doit recomposer, non sans peine, à l’aide des sculptures des bas-