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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/188

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cette œuvre pour un tableau qui se trouve maintenant chez lord Dudley à Londres ; c’est à tort que Canova, dans ses Trois Grâces (Galerie Leuchtenberg à Saint-Pétersbourg), a retourné la figure du milieu, qui dans le groupe est vue de dos, et les a montrées toutes trois de face.

Parmi les groupes de combat, l’un des plus importants est resté dans les collections italiennes : c’est celui des deux Lutteurs de la tribune des Uffizi à Florence [a]. Fortement retouchée et restaurée par diverses mains, telle que nous l’avons sous les yeux, cette œuvre ne nous laisse plus que deviner que le moment a été choisi, avec la précision artistique la plus parfaite, entre le grand nombre des moments possibles, par un sculpteur qui devait connaître les secrets du pugilat. Le vaincu, renversé par terre, n’a pas encore perdu tout espoir ; le spectateur attend, anxieux, l’issue du combat. Les deux corps entrelacés sont nettement développés de quelque côté qu’on les regarde.

Du groupe « Hercule et le centaure Nessus », qui est dans le premier corridor du même musée [b], Ia première figure tout entière est moderne, ainsi qu’une partie de la dernière. D’un groupe florentin beaucoup plus important, Hercule et Antée, situé dans la cour du Palais Pitti [c], presque la moitié est restaurée par Michel-Ange (?) et les anciennes parties montrent une surface fort altérée ; l’œuvre était distinguée dans son état primitif, si l’exécution (en tout cas romaine seulement) répondait tant sait peu à la composition : Hercule a enlevé de terre son adversaire et l’étreint en l’air, pendant qu’Antée cherche à arracher de son corps les mains du héros, geste qui probablement n’était pas rare dans le pugilat et qui fut représenté dans différentes figures (par exemple dans les deux petits Amours des Uffizi [d], corridor de communication), mais qui, là, était rendu d’une manière particulièrement énergique et belle. L’admiration exclusive pour ce groupe a eu une grande influence au xvie siècle sur Bandinelli, Jean Bologne et leurs émules. (Un petit bronze, aux Uffizi [e], 2e salle des Bronzes, présente ce groupe augmenté d’une Pallas spectatrice.) Comp. p. 75, F.

Hercule à genoux sur la biche se trouve sur un groupe de fontaine en bronze de Pompéi, au Musée de Palerme [f].

Comme scènes après le combat, et peut-être comme épisodes de plus grands groupes de fronton, il y a les deux œuvres célèbres : le Barbare et sa femme, à la Villa Ludovisi de Rome (dont il a été question p. 127, E), et le groupe de Ménélas avec le cadavre de Patrocle (la désignation d’Ajax est moins fondée). Ce dernier doit provenir d’une œuvre originale très admirée du IVe siècle avant J.-C., et qui a été reproduite plusieurs fois. Quatre exemplaires en sont conservés par fragments : 1o celui appelé Pasquino, à l’un des angles du Palais Braschi à Rome [g], œuvre d’un travail si grandiose, dans sa simplicité, qu’autrefois on la plaçait à l’époque de Phidias lui-même, après que déjà Bernini l’eut déclarée l’antique le mieux exécuté de Rome ; 2o la tête violemment passionnée de Mé-