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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/64

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Au Vatican, la Galleria lapidaria [a] déjà nommée et le Musée Chiaramonti [b] renferment un trésor de ce genre ; il en est de même du Musée de Latran (salles 2, 9 et 10) [c] ; parmi les collections particulières, la Villa Albani [d] est exceptionnellement riche en débris antiques, parmi les basiliques chrétiennes de Rome, S. Lorenzo fuir le mura [e], dans sa partie la plus ancienne, et la nef principale de S. Maria in Trastevere [f] offrent une grande réunion de modèles variés. Une collection de moulage se trouve à l’Académie de France. Des morceaux remarquables sont à voir au mur de derrière de la Villa Médicis [g]. Les plus beaux ornements et les mieux conservés que nous ayons, de l’époque des Antonins, sont des reliefs en stuc traités de main de maître, en partie sur fond de couleur ; ils sont dans les deux tombeaux découverts en 1859 à la Via Latina [h] près la troisième pierre militaire. À Florence (portique extérieur des Uffizi [i], on ne trouve que les débris d’un jambage de porte et un fragment de frise, mais tous deux d’une haute valeur.

Ici comme partout, l’observateur doit développer en lui-même cette faculté de restauration sans laquelle les ruines antiques ne lui semblent que des restes informes, et la joie qu’elles causent ne lui paraît qu’une folie pure. Il doit, à la vue d’un fragment, deviner l’ensemble, apprendre à reconstituer, et ne pas exiger une impression immédiate sur des restes dont la beauté ne se complète que par la réflexion.

Seul un chercheur pourra deviner par les débris l’édifice tout entier ; de deux colonnes portant des restes d’entablement, conclure au moins l’effet de toute la colonnade est chose possible à tout esprit un peu cultivé et perspicace.


Commençons par les temples. Le rapport qui existe ici entre le portique et le sanctuaire est presque généralement autre que chez les Grecs. Ici le portique n’est pas l’image de la cella et ne lui correspond pas de la même manière. Le portique devient une introduction au sanctuaire, et c’est seulement par goût de magnificence qu’il est prolongé tout autour. D’ailleurs, l’art romain s’accommode très facilement de figurer un portique en entourant le sanctuaire de colonnes engagées, ou même les murailles demeurent nues. Une différence nouvelle est celle de la toiture qui est à l’intérieur une voûte de plein cintre avec des caissons, pendant qu’à l’extérieur on conserve le fronton grec, c’est-à-dire l’image d’un toit oblique. Probablement on a pratiqué ici dans la voûte, comme autrefois dans le toit des temples grecs, une large ouverture sans laquelle la clarté serait restée très douteuse ; on ne trouve presque jamais de fenêtres sur les côtés. Purement romaine est enfin l’idée de rompre l’uniformité des murs par des niches rentrantes alternativement rondes et carrées, ainsi que l’érection dans le fond d’une niche principale pour la statue de la divinité ; de plus il faut, par la pensée, revêtir et entou-