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Page:Burckhardt - Le Cicerone, 1re partie, trad. Gérard, 1885.djvu/97

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duit un effet architectural qui se trouve manquer à la plus riche. — Parmi les maisons de campagne, celle qu’on nomme Villa de Diomède [a] a de nombreuses pièces de toutes boites et de toutes dispositions, y compris un triclinium en demi-cercle éclairé de fenêtres pour avoir l’effet de l’ensemble, l’étude de la restauration, souvent essayée, est indispensable. À Herculanum [b], une jolie villa au moins est entièrement découverte. — Comme complément de ces bâtiments, il faut remarquer les nombreuses petites vues qui décorent les murs à Pompéi [c] même et au Musée de Naples ; elles représentent en grande partie des maisons, de campagne et des palais, situés de préférence au bord de la mer, non pas sans doute tels qu’ils étaient, mais tels que l’imagination, qui grandit tout, les aurait désirés ; il y a aussi des vues de ports aux détails particulièrement riches.

Sur le rivage de Pouzzolanes [d], de Baïa [e] , et plus loin encore, gisent les ruines d’innombrables villas, le plus souvent défigurées, et dont certaines avaient appartenu à quelques-uns des plus illustres personnages de l’antiquité romaine. Les plus remarquables sont celles qui s’avançaient jusque dans la mer ; on en voit encore les fondements dans l’eau ; et les peintures murales en donnent au moins une vue approchante.

Parmi les ruines des constructions que Tibère éleva à Caprée [f], la Villa de Jupiter montre par son architecture, bien négligée pour le premier siècle, que le vieil empereur voulait être vite obéi et jouir rapidement.

À Rome et aux environs[1], les palais et les villas prennent un plus grand caractère et vont, dans le luxe de chaque partie, bien au delà du simple confortable. Nous ne pouvons nous attacher au détail dans les ruines de ce genre qu’on trouve à Tusculum, à Tibur, à Ostie, etc., car si leur aspect actuel offre quelque intérêt aux amateurs de pittoresque, il en a bien moins pour l’histoire de l’art. Au-dessus de la Villa de Mécène [g], à voir le cours de l’Anio se précipiter à travers les arceaux, on oublie et le plan ancien et même le propriétaire. Parmi les bâtiments impériaux qui ont ici leur place, le plus considérable est le Palatin [h] avec ses ruines. Les nouvelles fouilles des anciens Orti Farnesiani, pratiquées sur l’ordre de Napoléon III par l’architecte Cav. Rosa, ont mis au jour presque tout ce qui reste de cette construction colossale. La carte des fouilles et les écriteaux placés partout renseignent, peut-être même avec trop de détails, sur la destination des pièces. Les petites chambres appelées bains de Livie, qui furent peut-être toujours souterraines, présentent des restes de très belles arabesques. Derrière, est une maison dont quelques parties sont bien conservées : l’entrée, l’atrium, donnent accès dans quatre pièces ornées de fresques remarquables, les meilleures qui

  1. La disposition des maisons privées à Rome, d’après le plan de la ville qu’on voit au Capitole, paraît tout à fait semblable à celle des maisons pompeiennes, ce que prouve d’ailleurs la Casa di Asinto Pollinose [i] récemment mise au jour près des thermes de Caracalla.